Conseils sur la vaccination contre le virus de la COVID-19 | Dermatoses bulleuses toxiques et toxidermies graves

Conseils sur la vaccination contre le virus de la COVID-19 | Dermatoses bulleuses toxiques et toxidermies graves

Recommandations générales à lire attentivement 

La campagne de vaccination contre le virus SARS-CoV-2 a été organisée simultanément dans tous les pays de l’Union Européenne.

– Les patients atteints de maladies rares n’ont pas de raison de ne pas envisager de se faire vacciner. La vaccination, même si elle relève du choix personnel de chaque individu, est aussi importante pour la protection de l’ensemble de la population, y compris des patients atteints de maladies rares de la peau.

Nous encourageons particulièrement la vaccination des patients souffrant de troubles pouvant affecter le système immunitaire et favoriser une forme sévère de la COVID19.

– Les « vaccins à ARNm » actuellement disponibles et ayant obtenu en France une autorisation de mise sur le marché (laboratoires Pfizer-BioNtech et Moderna) sont des « vaccins tués », ce qui signifie qu’ils ne peuvent transmettre la COVID19. Le principe de ces vaccins à ARNm est schématiquement de ne cibler qu’une protéine du SARS-COV-2, en particulier celle à la surface du virus (spicule) qui lui permet de pénétrer dans les cellules et de les infecter. Ils ne devraient pas constituer un risque pour les patients atteints d’un déficit immunitaire et pour les patients qui suivent un traitement immunosuppresseur. Par ailleurs il n’y a absolument aucun risque que l’ARN du vaccin puisse modifier d’une quelconque façon le génome d’une personne vaccinée qui est constitué d’ADN et non pas d’ARN.

Le vaccin Pfizer-BioNtech a une AMM (autorisation de mise sur le marché) à partir de l’âge de 16 ans, le vaccin Moderna à partir de l’âge de 18ans. A l’heure actuelle nous ne disposons d’aucune donnée concernant la vaccination anti COVID19 dans la population pédiatrique.

– Les vaccins actuels sont cependant à réfléchir avec prudence, jusqu’à obtention de nouvelles données, chez les patients ayant fait une réaction anaphylactique grave (urticaire avec angioedème accompagné de signes généraux voir un état de choc) avec nécessité de port sur soi de stylo d’adrénaline. Cette situation peut s’observer dans la population générale en dehors même d’une maladie rare de la peau. Ces patients sont à discuter au cas par cas avec leur médecin référent allergologue et dermato-allergologue. Les contre-indications actuellement chez les sujets allergiques pour une vaccination par un vaccin ARN sont :
-des antécédents d’allergie à un des composants du vaccin (polyéthylèneglycols et par risque d’allergie croisée polysorbate) ;
-réaction anaphylactique lors de le première injection du vaccin à ARNm anti Covid19.

Attention les angioedèmes héréditaires sont dus à une accumulation de bradykinine dans les tissus, il ne s’agit donc pas de mécanismes allergiques. Il n’y a pas de contre-indication à une vaccination pour les patients qui souffrent de cette affection.

– A l’heure actuelle il est recommandé aux personnes vaccinées de poursuivre les mesures préventives  générales de distanciation sociale (masques, lavage de mains, distanciation sociale etc….) applicables à la population générale.  On ne peut en effet assurer, jusqu’à plus d’information, que ces personnes ne puissent transmettre le virus à des personnes non vaccinées.

En fonction de la disponibilité d’autres types de vaccins et du suivi de la campagne de vaccination, de nouvelles mises à jour de recommandations pourraient être diffusées.

Ces recommandations sont issues d’un consensus des centres experts pour la prise en charge des patients avec une maladie rare de la peau, du réseau européen ERN-Skin. Les centres de références français de la filière FIMARAD font partie de ce réseau européen et ont participé à la validation de ces recommandations en ligne aujourd’hui sur le site de l’ERN-Skin et sur le site de FIMARAD (Fimarad.org).
Les experts ont élaboré leurs recommandations, en prenant en compte les spécificités et les traitements des patients atteints de maladies rares de la peau.

Information récente

Un communiqué sur les conditions de vaccination prenant en compte les risques individuels indépendamment de l’âge a été diffusé le 15 Janvier 2020 par la DGOS ( DGS-URGENT@diffusion.dgs-urgent.sante.gouv.fr ou dgs-urgent@dgs.mssante.fr​). 

Il a été décidé que les patients vulnérables à très haut risque, définis par le conseil d’orientation de la stratégie vaccinale, pourront être vaccinés de manière progressive, à compter du 18 janvier.
Il s’agit des patients :

  • Atteints de cancers et de maladies hématologiques malignes en cours de traitement par chimiothérapie ;
  • Atteints de maladies rénales chroniques sévères, dont les patients dialysés ;
  • Transplantés d’organes solides ;
  • Transplantés par allogreffe de cellules souches hématopoïétiques ;
  • Atteints de poly-pathologies chroniques et présentant au moins deux insuffisances d’organes ;
  • Atteints de certaines maladies rares et particulièrement à risque en cas d’infection
  • Atteints de trisomie 21.

Pour nos maladies rares dermatologiques les patients retenus prioritaires sont les suivants

  • Tous les patients vulnérables à très haut risque défini ci-dessus (comme pour tout individu)
  • Les patients atteints de maladies bulleuses auto-immunes âgés de plus de 75 ans, ou âgés de moins de 75ans recevant des traitements immunosuppresseurs et/ou une corticothérapie générale prolongée
  • Les patients atteints d’Incontinentia Pigmenti
  • Les patients atteints d’Epidermolyses bulleuses héréditaires sévères (en particulier les formes sévères d’EBDR).

« Vous trouverez ici un certificat médical à faire remplir par votre médecin référent expert,  pour les patients appartenant aux catégories prioritaires à la vaccination durant cette phase actuelle de campagne de vaccination. »

Vous pouvez consulter les recommandations plus spécifiques au groupe des réactions cutanées graves aux médicaments ci-dessous. Des discussions de chaque patient, au cas par cas, peuvent être nécessaires.

Pour toute demande d’information complémentaire, quelle que soit votre maladie rare, n’hésitez pas à contacter l’équipe clinique du centre de référence qui prend en charge votre maladie rare.

Réactions cutanées graves aux médicaments ou toxidermie (groupe ToxiTEN)

Concernant plus particulièrement les patients ayant ou ayant eu une toxidermie (réaction cutanée au médicament) grave, à savoir un syndrome de Stevens-Johnson, un syndrome de Lyell, une pustulose exanthématique aiguë généralisée, un DRESS, ou un autre type de toxidermie grave, ainsi que les patients ayant un érythème polymorphe, la vaccination ne présente aucune contre-indication particulière. En effet, ces maladies sont de mécanisme très différent des réactions anaphylactiques citées ci-dessus. Il n’y a pas non plus de contre-indication à la vaccination pour les patients ayant eu un syndrome de Stevens-Johnson ou un syndrome de Lyell sans qu’aucune cause médicamenteuse ait été reconnue.

Pour les patients atteints de ces maladies, la vaccination pourrait être même fortement recommandée, en particulier pour ceux présentant un état général dégradé, une fragilité muqueuse et cutanée importante, une atteinte pulmonaire…à la phase aigüe de leur affection, ou au stade séquellaire. Ces situations peuvent être évaluées au cas par cas avec le médecin référent du centre de référence qui suit le patient.

En fonction de la disponibilité d’autres types de vaccins et du suivi de la campagne de vaccination, de nouvelles recommandations pourraient être diffusées à l’avenir.

Conformément à la loi, la vaccination reste cependant subordonnée au choix de chaque individu.

Pour plus de détails, n’hésitez pas à contacter le dermatologue qui assure votre suivi médical, par courriel, fax ou téléphone.