100 questions / réponses sur la mastocytose

100 questions / réponses sur la mastocytose

Les informations contenues dans cette page sont destinées aux patients atteints de mastocytose et de leurs familles.
Nous espérons que vous y trouverez les réponses aux questions que vous vous posez à propos de cette maladie et de ses retentissements dans votre vie.

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Les médicaments de la mastocytose

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Les médicaments de la mastocytose utilisables pendant la grossesse

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Facteurs (aliments, médicaments et autres) susceptibles d’induire la dégranulation mastocytaire

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Conseils pour mieux gérer l’impact des troubles cognitifs éventuels (mémoire, attention, concentration) sur vos performances

Chapitre 1 : Mieux comprendre la mastocytose

  • Q1 : Qu’est-ce que le mastocyte normal et à quoi sert-il ?

    Mastocyte et ses granulations

    Le mastocyte est une cellule de la moelle osseuse (elle est dite d’origine hématopoïétique) capable de circuler dans le sang puis de se loger, après différentes étapes de maturation, dans les différents tissus de l’organisme. La peau est l’organe le plus riche en mastocytes, mais tous les autres organes, y compris le cerveau, en contiennent naturellement à divers degrés.

    Le mastocyte est rempli de nombreuses granulations (sortes de petits sacs) contenant diverses substances (que l’on appelle « médiateurs mastocytaires») qu’il a produites et qui sont libérées dans la circulation sanguine sous l’effet de l’activation du mastocyte (phénomène que l’on
    appelle « dégranulation mastocytaire »).

    Les médiateurs mastocytaires interviennent dans beaucoup de fonctions essentielles de l’organisme notamment les défenses immunitaires (fonctions visant à lutter contre les infections et les cancers) et la coagulation (fonction de l’organisme visant à empêcher les saignements).

    Le mastocyte est donc une cellule très importante pour l’équilibre de l’organisme.

  • Q2 Dans quelles maladies autres que la mastocytose, le mastocyte joue-t-il un rôle ?

    Le mastocyte normal intervient dans diverses pathologies au premier rang desquelles l’allergie (Q3). Des données récentes suggèrent qu’il interviendrait aussi dans des maladies inflammatoires chroniques (par exemple de l’intestin ou des articulations comme la polyarthrite rhumatoïde) (Q19), des processus infectieux, des pathologies cancéreuses, des maladies neurologiques chroniques. Les mastocytes interviennent alors, soit comme acteurs de la défense immunitaire, soit contribuent au processus pathologique, en sécrétant des substances sous le contrôle d’autres cellules. En conséquence, les médicaments ciblant le mastocyte sont susceptibles d’améliorer la prise en charge thérapeutique des maladies dans lesquelles le mastocyte normal participe au processus pathologique.
  • Q3 Qu’est-ce que l’allergie ?

    L’allergie regroupe un ensemble de manifestations pouvant survenir après différentes situations telles que la prise alimentaire, médicamenteuse ou les piqûres d’hyménoptères (insectes tels que guêpes, abeilles, frelons). L’allergie témoigne d’une « hypersensibilité du système immunitaire » vis-à-vis de substances (alimentaires, médicamenteuses, venins d’hyménoptères) que l’on nomme alors « allergènes ». Les personnes allergiques développent en réponse aux allergènes auxquels ils sont sensibilisés des réactions inadaptées, excessives et pathologiques alors que chez les personnes non allergiques ces mêmes allergènes ne génèrent aucune réaction.

    Les manifestations de l’allergie dite « immédiate » surviennent moins d’1 heure après l’exposition à un allergène et résultent principalement de la dégranulation des mastocytes normaux.

    Ainsi les symptômes d’une mastocytose sont parfois très proches de ceux d’une allergie. Il est donc très important de bien différencier une mastocytose d’une allergie vraie (Q4, Q19).

    Parmi les principales manifestations de l’allergie immédiate nous retiendrons :

    • l’urticaire (à distinguer de l’urticaire pigmentaire, Q21) qui consiste en une éruption de plaques rouges, fluctuantes avec démangeaisons, analogues à une piqûre d’ortie ;
    • la rhinite (picotements, obstruction et écoulement de nez) ;
    • la conjonctivite (irritation et écoulement des yeux) ;
    • la crise d’asthme ;
    • et à l’extrême l’oedème de Quincke ou le choc anaphylactique (Q31, Q32, Q49, Q72).

    Parmi les traitements de l’allergie, la désensibilisation consiste à rendre l’organisme tolérant vis-à-vis d’un allergène donné (par exemple vis-à-vis d’un venin d’hyménoptère) pour éviter un nouvel accident grave en cas de nouvelle exposition. La désensibilisation est parfois proposée dans la mastocytose en cas de choc anaphylactique (Q72).

  • Q4 Est-ce que la mastocytose est une maladie allergique ?

    NON, la mastocytose n’est pas une maladie allergique bien que certaines de ses manifestations puissent parfois mimer celles de l’allergie immédiate.

    Même si, comme dans l’allergie, les réactions observées dans la mastocytose peuvent être amplifiées sous l’effet de différents facteurs extérieurs (notamment aliments et médicaments) (Q75, Q76), le mécanisme qui conduit à l’activation mastocytaire et à leur dégranulation est différent (Q6, Q15). Dans la mastocytose, la dégranulation survient de façon autonome et ne dépend donc pas de l’exposition à un allergène reconnu de façon spécifique par le système immunitaire, contrairement à l’allergie (Q3).

    Un même patient peut avoir une mastocytose et une allergie vraie ce qui complique l’interprétation des symptômes et peut justifier une expertise et une prise en charge allergologiques conjointes (Q19).

  • Q5 Qu’est-ce qu’une maladie rare ? Qu’est-ce qu’une maladie orpheline ?

    Les « maladies rares » sont des pathologies dont la prévalence est faible, touchant entre 1/1000 et 1/200 000 personnes selon les définitions nationales. À ce jour, on estime qu’il existe entre 5 000 et 8 000 maladies rares. Bien que ne touchant chacune qu’un faible nombre d’individus, leur grande variété fait que le nombre total de personnes touchées dépasse, en France, le nombre de malades atteints de cancers.

    On désigne par « maladies orphelines », celles pour lesquelles on ne dispose pas de thérapeutique curatrice (qui permette d’induire la guérison), les traitements proposés permettent d’en diminuer les symptômes. Les maladies rares sont très souvent orphelines.

  • Q6 Comment définir la mastocytose ?

    La mastocytose est un groupe hétérogène de maladies caractérisées par une prolifération anormale de mastocytes et leur accumulation dans un ou plusieurs organes (principalement la peau) ainsi que leur une activation autonome et non régulée responsable de la libération excessive et inadaptée dans le sang circulant de médiateurs mastocytaires (Q1).

    Du point de vue physiopathologique, elle est caractérisée par un dérèglement de l’activité du « récepteur c-Kit » présent à la surface des mastocytes. Ce récepteur se trouve en effet activé de façon permanente et non régulée induisant ainsi un signal permanent d’auto-prolifération et d’auto-activation (Q15).
    Le mastocyte provenant de la moelle osseuse (Q1), la mastocytose peut être considérée, à l’origine, comme une maladie de la moelle osseuse (ou syndrome myélo-prolifératif) mais n’en a aucune des caractéristiques habituelles à l’exception des très rares formes agressives de mastocytose (Q11, Q12, Q44, Q45). En effet, du point de vue de l’excès de prolifération, la peau est le principal organe atteint et non la moelle osseuse. De même, l’essentiel des symptômes de la maladie provient de l’activation mastocytaire non régulée, donc de l’effet des médiateurs mastocytaires libérés lors de la dégranulation (Q1, Q7, Q8, Q33à Q39) et non de la prolifération mastocytaire. En ce sens, dans la très grande majorité des cas, la mastocytose ne se comporte donc pas comme une maladie tumorale.

  • Q7 Quels sont les symptômes de dégranulation (activation) mastocytaire ?

    Spontanément, du fait de l’activation autonome du récepteur c-Kit (Q6, Q15), ou sous l’influence de divers facteurs tels que aliments (Q75), médicaments (Q76), frottement, changement brusque de température, les mastocytes vident le contenu de leurs granules (Q1). Les molécules ainsi libérées (histamine, tryptase, héparine, substance P, et bien d’autres substances), peuvent provoquer des réactions sur le site de leur libération (exemple: démangeaisons en cas de frottement cutané) mais aussi très à distance puisqu’elles transitent par la circulation sanguine (exemple: malaise ou diarrhée après frottement d’une lésion cutanée de mastocytome (Q10).

    Les symptômes observés peuvent concerner tous les organes. Leur type et leur intensité sont très variables d’un individu à un autre et peuvent varier dans le temps chez un même individu (Q30 à Q39) :

    • au niveau cutané: rougeurs avec sensation de chaleur (flush), démangeaisons (prurit), signe de Darier (congestion d’une lésion cutanée sous l’effet du frottement) (Q21, Q34) ;
    • au niveau digestif: douleurs, troubles du transit (diarrhée et/ou constipation), nausées, vomissements, ballonnements, flatulences (Q35) ;
    • au niveau cardiovasculaire : palpitations, malaises avec parfois baisse de la tension artérielle, voire véritable réaction anaphylactique (Q31, Q32, Q37, Q49, Q72).
    • au niveau musculo-squelettique : tous types de douleurs articulaires, osseuses, musculaires et/ou tendineuses (Q36) ;
    • au niveau uro-génital : mictions fréquentes (> 6 mictions /j définissant la pollakiurie), sensations de brûlures urinaires, troubles de la libido (Q38, Q87) ;
    • au niveau pulmonaire et ORL : toux, gêne respiratoire, sensations de nez bouché et qui coule (rhinorrhée), picotements et larmoiements des yeux ;
    • au niveau neurologique et psychique : fatigue anormale, troubles du sommeil, maux de tête (migraine), sensations de vertiges, troubles de l’humeur (tristesse inhabituelle, anxiété, irritabilité), difficultés de concentration et de mémoire (Q30, Q33, Q39) ;
    • certains symptômes miment l’allergie : poussée d’urticaire, oedème de Quincke, choc anaphylactique justifiant un bilan allergologique (Q2, Q3, Q4, Q31, Q32, Q37, Q49, Q72).

  • Q9 Qu’est-ce qui différencie une mastocytose cutanée «pure» d’une mastocytose systémique indolente ?

    La mastocytose est dite cutanée pure lorsqu’il n’y a pas d’excès de mastocytes dans les autres tissus et organes que la peau (Q10). Cette forme prédomine chez l’enfant.
    La mastocytose systémique indolente (MSI) est la forme la plus fréquente de l’adulte. La peau est généralement atteinte et l’excès en mastocytes est aussi détectable dans d’autres tissus (moelle osseuse, tube digestif) sans en altérer leur fonctionnement. Ainsi, la moelle osseuse conserve sa capacité à fabriquer normalement les cellules du sang (Q11).

    Les symptômes ressentis sont pourtant similaires et résultent de l’activation mastocytaire (Q6, Q7). La distinction entre formes cutanées et formes systémiques (présence d’un excès de mastocytes dans au moins un organe autre que la peau) est en fait théorique puisque les mastocytes ont pour origine la moelle osseuse (Q1). Toute mastocytose est donc systémique. Cependant, cette distinction garde une pertinence clinique pour la population pédiatrique (Q9, Q13, Q40) du fait de la fréquente guérison spontanée des mastocytoses de l’enfant.

  • Q8 Qu’est-ce que le syndrome d’activation mastocytaire?

    Vous pouvez présenter plusieurs symptômes cliniques similaires à ceux dits de dégranulation mastocytaire (Q7) alors que le nombre de vos mastocytes est soit normal soit insuffisamment augmenté pour pouvoir porter un diagnostic de mastocytose (Q22). Dans ce contexte et après l’exclusion des autres pathologies pouvant expliquer vos symptômes, votre médecin pourra vous parler de l’hypothèse d’un syndrome d’activation mastocytaire (SAMA). Le diagnostic est difficile et peut prendre du temps puisqu’aucune prolifération mastocytaire anormale n’est retrouvée. Le traitement symptomatique est le même que celui utilisé dans la mastocytose (Q51 à Q56). La fréquence et l’évolution du syndrome d’activation mastocytaire ne sont pas connues, d’où l’importance d’un suivi régulier.
  • Q10 Qu’est-ce qu’un mastocytome ?

    Un mastocytome est une variété de lésions cutanées observées au cours de la mastocytose de l’enfant. Il est souvent présent dès la naissance, ou apparaît dès les premières semaines de vie.

    Il se présente sous la forme d’une lésion unique, ou de 2-3 lésions et se caractérise par :

    • une peau beaucoup plus épaissie que ce qu’on observe dans les autres lésions cutanées de mastocytose ;
    • une forme habituellement arrondie, bien dessinée (limites nettes) ;
    • une taille de 1 à quelques centimètres de diamètre ;
    • Une couleur variable qui va du rouge foncé au brun jaunâtre, jusqu’au marron foncé presque noir. Cette couleur n’est pas inquiétante médicalement ;
    • il s’agit d’une lésion qui ne génère aucune douleur.

    Des bulles surviennent fréquemment à sa surface, peuvent récidiver mais restent localisées à cette lésion. Elles sont le plus souvent déclenchées par un frottement (exemple: vêtements), moins fréquemment par un contraste brutal de température, ou la prise d’un aliment ou d’un médicament que l’enfant supporterait moins bien. Ces bulles sont dues à la libération par les mastocytes, de leurs médiateurs, en grande quantité dans le mastocytome.
    Le mastocytome peut donc aussi s’associer à des manifestations dues à la dégranulation mastocytaire (diarrhée, flush, etc.) comme dans toutes les mastocytoses (Q7, Q33 à Q39).

    Il évolue vers la régression spontanée et complète en quelques années, dans la petite enfance, laissant parfois une cicatrice avec une peau plus fine.
    Comme pour toute mastocytose, il est essentiel que le diagnostic soit bien mentionné dans le carnet de santé et connu de l’entourage de l’enfant, afin de prendre les précautions nécessaires, notamment si une anesthésie générale était nécessaire.

  • Q11 Quelles sont les différentes formes de mastocytose systémique ?

    1. La mastocytose systémique (MS) est quasiment exclusivement une maladie de l’adulte et comporte 4 sous catégories (Annexe 1):
    2. La MS indolente (MSI), de loin la plus fréquente (>80% des cas), comporte en dehors de l’atteinte cutanée (présente dans 90% des cas de MSI), une infiltration d’autres organes par les mastocytes anormaux comme la moelle osseuse, le tube digestif, le foie, la rate, l’os. Cependant, cette infiltration n’entraine jamais d’anomalies de fonctionnement de ces organes et ne constitue pas en soi un critère de traitement. Les symptômes de la maladie résultent uniquement de l’activation mastocytaire (Q6, Q7).
    3. La MS latente ou smouldering (MSL/MSS) est peu fréquente et se distingue par une plus forte infiltration mastocytaire et l’apparition de « signes B »: augmentation du volume de certains organes (foie, rate, ganglions); taux sanguin élevé de tryptase ; infiltration plus importante de la moelle osseuse mais sans en gêner le fonctionnement. Les symptômes de la maladie résultent là encore de l’activation mastocytaire (Q6, Q7).
    4. La MS agressive (MSA) est très rare (<10%). L’infiltration des organes comme le foie, le tube digestif ou la moelle osseuse est très importante et altère leur fonctionnement normal, favorisant l’apparition de signes d’insuffisance d’organe (« signes C »). Les MSA mettent en jeu le pronostic vital et nécessitent donc une prise en charge rapide (Q12).
    5. Toutes les formes de MS peuvent être associées à une maladie hématologique non mastocytaire (MS-AHNMD) comme un syndrome myélodysplasique (défaut qualitatif de production des cellules du sang par la moelle osseuse) ou myéloprolifératif (excès de production de la moelle osseuse). Si cela est indiqué par un hématologue, le traitement de la maladie hématologique associée sera distinct de celui de la mastocytose.

  • Q12 Existe-t-il des formes agressives de mastocytose ?

    OUI, mais elles sont très rares et concernent l’adulte.

    Elles constituent moins de 10% de l’ensemble des patients souffrant de mastocytose et sont définies par une infiltration mastocytaire importante et le dysfonctionnement d’au moins un organe tel que la moelle osseuse, se traduisant par des anomalies des cellules du sang; le foie avec une insuffisance hépatique; le tube digestif avec une perte de poids importante (Q45, Annexe 1). Parmi celles-ci, la leucémie à mastocytes ou le sarcome mastocytaire sont encore plus exceptionnels (moins de 3 cas par an en France).

    Pour faire le diagnostic précis d’une mastocytose agressive, un bilan clinique, biologique, radiologique et génétique complet dans un centre hospitalier très spécialisé (centre de référence et/ou centres de compétence régionaux) s’impose à l’issue duquel, le traitement le plus adapté et disponible en France pourra être proposé afin de traiter rapidement la maladie.

  • Q13 La mastocytose de l’enfant est-elle différente de celle de l’adulte ?

    OUI, la mastocytose de l’enfant est différente de celle de l’adulte, car :

    • dans la majorité des cas, l’atteinte est purement cutanée (Q9, Q10) ;
    • les mutations à l’origine de l’activation anormale du récepteur c-Kit (Q14, Q15), ne sont habituellement pas les mêmes chez l’adulte et chez l’enfant ;
    • la mastocytose de l’enfant régresse en grande partie, voire complètement, à l’adolescence (Q40) alors que la maladie est chronique chez l’adulte.

    Par contre, on observe chez l’enfant les mêmes manifestations d’inconfort (rougeurs, démangeaisons, diarrhée, etc.) liées à la dégranulation mastocytaire (Q7, Q33 à Q39).

  • Q14 Connaît-on la ou les cause(s) d’une mastocytose ?

    NON. La mastocytose est, dans la très grande majorité des cas, une maladie « acquise » caractérisée par l’apparition, dans le cours évolutif de la vie, d’une mutation sur le gène c-Kit (Q15). Elle n’est donc que très rarement « héréditaire » (Q16).

    Les causes exactes de la mastocytose chez l’homme ne sont pas connues. Aucun facteur environnemental n’a été identifié comme pouvant être associé à son émergence. Des modèles expérimentaux permettent de poursuivre et d’approfondir les recherches.

  • Q15 Qu’est-ce que signifie mutation du gène c-Kit ? Qu’en résulte-t-il ?

    Une mutation sur un gène est susceptible de modifier la structure de la protéine codée par ce gène et, en conséquence, de perturber les fonctions de cette protéine.
    Dans la mastocytose, une mutation du gène c-Kit est retrouvée dans la majorité des cas et il s’agit dans plus de 80% des cas de la mutation D816V (Q23, Q46). Cette mutation induit une modification de la protéine codée par le gène c-Kit que l’on appelle « récepteur c-Kit ».

    Le récepteur c-Kit est exprimé à la surface du mastocyte et joue un rôle très important dans son développement normal. La mutation D816V du gène c-Kit conduit à une activation permanente et non contrôlée du récepteur c-Kit et au développement de la maladie.

  • Q16 Est-ce que la mastocytose est une maladie transmissible à ma descendance héréditaire) ? Faut-il effectuer un dépistage des membres de ma famille ?

    NON, la mastocytose n’est pas héréditaire dans la très grande majorité des cas (Q89). Cependant, de très rares formes familiales de mastocytose ont été observées, représentant largement moins de 10 % des cas. En cas de forme familiale, les manifestations peuvent être très différentes d’un membre à l’autre. Des études sont en cours afin d’identifier les facteurs génétiques qui permettraient d’expliquer ces formes familiales. Il est donc important de signaler au CEREMAST et aux centres de compétence régionaux tous les cas familiaux de mastocytose.

    NON, il n’est pas nécessaire de réaliser un dépistage systématique des membres de votre famille ou de vos enfants en l’absence de symptômes particuliers. Cependant, si une personne de votre famille présente des symptômes pouvant faire penser à une mastocytose, il devra alors consulter un médecin spécialisé dans un centre de référence ou de compétence.

  • Q18 Y a-t-il une relation entre mastocytose et stress ?

    Il est fréquent que les patients décrivent le déclenchement de la maladie ou son aggravation dans un contexte de stress (deuil, séparation, difficultés professionnelles). Si le stress n’est pas la cause de la mastocytose, il se peut toutefois qu’il en amplifie les symptômes. En effet, il a été montré que certaines neuro-hormones libérées en situation de stress peuvent stimuler la dégranulation mastocytaire, ce qui augmenterait alors la fréquence et l’intensité des symptômes de mastocytose.
  • Q17 Est-ce que la mastocytose est une maladie contagieuse ?

    NON, la mastocytose, quelle que soit sa forme et notamment en cas de lésions cutanées, n’est pas une maladie contagieuse. Il n’y a donc aucune précaution à prendre vis à vis de votre entourage, même si celui-ci est fragile sur le plan de la défense contre les infections.

    Si votre enfant est atteint de mastocytose, il n’y a aucune conduite d’éviction à prévoir à l’école ou pour la pratique des sports.

  • Q19 Est-ce que la mastocytose peut s’associer à d’autres maladies ?

    OUI mais il existe peu de maladies associées à une mastocytose.

    Il est possible d’avoir en même temps une mastocytose et une allergie ou une maladie inflammatoire touchant les articulations (polyarthrite) ou l’intestin (maladie inflammatoire chronique de l’intestin ou MICI), mais il n’existe pas actuellement de lien prouvé scientifiquement entre ces maladies (Q2, Q3). En revanche, la mastocytose est susceptible d’amplifier les symptômes de ces maladies, comme les douleurs et la diarrhée. Par ailleurs, la recherche de ces maladies peut justifier une expertise auprès d’un spécialiste (allergologue, rhumatologue, gastro-entérologue) et des examens complémentaires (endoscopies digestives).

    Enfin, une mastocytose, surtout dans les très rares cas où elle est dite agressive, peut parfois être associée à une maladie hématologique comme une myélodysplasie (Q11, Annexe 1).

Chapitre 2 : Mieux comprendre comment se manifeste une mastocytose

  • Q20 Quand faut-il penser à une mastocytose ?

    La mastocytose est une maladie rare et polymorphe. Elle peut donc s’exprimer de manières très différentes selon les patients.
    Si les lésions cutanées (Q21) peuvent suffire au diagnostic de mastocytose, elles peuvent être difficiles à diagnostiquer et beaucoup de médecins qui ne connaissent pas la maladie, du fait de sa rareté, peuvent ne pas pouvoir identifier votre atteinte cutanée. En outre, l’atteinte cutanée peut être minime ou absente et les symptômes de la maladie ne survenir que plusieurs années après l’apparition des premières lésions cutanées éventuelles.

    Il est important de noter que beaucoup de ces signes (Q7), pris isolément, n’ont aucune spécificité pour la mastocytose (Q25), et peuvent s’observer chez « Madame ou Monsieur Tout le Monde ». C’est la répétition (chronicité) et/ou l’intensité des manifestations, a fortiori si elles semblent être déclenchées par un aliment, un médicament, une situation de stress, et l’absence d’autres pathologies plus fréquentes, qui doit pousser le médecin, à penser à une mastocytose. Un autre élément d’orientation important est la présence d’une ostéoporose anormale (Q25) par exemple, chez un homme ou précocement dans la vie (< 60 ans).

    Le diagnostic des très rares formes agressives est habituellement plus facile (Q12). La symptomatologie bruyante oriente d’emblée vers une maladie hématologique conduisant rapidement à une exploration de la moelle osseuse.

  • Q21 La peau est l’organe principalement atteint par une mastocytose. Quelles en sont les manifestations cliniques ?

    Les signes cutanés de la maladie sont liés à l’accumulation des cellules mastocytaires dans la peau et/ou à leur capacité à libérer des substances comme l’histamine qui peut être responsable des gonflements et rougeurs localisés, semblable à l’urticaire (Q7, Q52).

    Les lésions cutanées de mastocytose comprennent :

    • l’urticaire pigmentaire (UP), forme de loin la plus fréquente. Chez le nourrisson et l’enfant, elle forme des petites taches brun-rouge en léger relief, qui peuvent gonfler et rougir à la friction (c’est le « signe de Darier » caractéristique). Chez l’adulte, l’aspect est souvent celui d’une éruption progressive de petites plaques rouges, souvent sur le haut du torse, l’abdomen ou les membres ;
    • la forme TMEP (TelangiectasiaMacularisEruptivaPerstans) de l’adulte est très rare et consiste en de très fines dilatations capillaires (tout petits vaisseaux). Le diagnostic dermatologique est difficile et impose une confirmation par une biopsie de peau ;
    • le mastocytome est observé chez l’enfant (Q10) ;
    • les exceptionnels cas de mastocytose cutanée diffuse de l’enfant donnent à la peau un aspect cartonné de couleur rose-jaunâtre avec gonflements et rougeurs plus fréquents.

    Les autres manifestations de la peau, qu’il y ait ou non des lésions cutanées, sont liées à la libération des médiateurs mastocytaires :

    • démangeaisons (prurit) ;
    • flushs, équivalent de bouffées de chaleur avec rougeur du visage et du haut du corps ;
    • dermographisme (urticaire en stries)

    Urticaire pigmentaire

    Signe de Darier : gonflement et rougissement au frottement d’une lésion d’urticaire pigmentaire

  • Q22 Quels sont les examens nécessaires au diagnostic de mastocytose ?

    La confirmation du diagnostic de mastocytose passe par l’identification d’une infiltration mastocytaire anormale au sein d’un organe et nécessite donc une biopsie de cet organe. Une biopsie de peau en cas de lésions cutanées (Q21) peut donc suffire.
    Lorsqu’il n’y a pas de lésions cutanées de mastocytose et une forte suspicion de cette maladie, on complétera alors par une analyse de la moelle osseuse (myélogramme, parfois biopsie ostéo-médullaire) avec des marquages spécifiques des mastocytes et/ou des biopsies digestives lors d’une endoscopie digestive (Q27) s’il y a des symptômes digestifs.

    La présence d’une mutation du gène c-Kit est aussi un élément confirmatoire du diagnostic et une aide pour les discussions thérapeutiques (Q59). Elle sera donc assez systématiquement recherchée dans la peau et/ou tout autre organe infiltré par des mastocytes.
    Le dosage sanguin de la tryptase est très utile car il est souvent élevé. Il se révèle plus rarement normal malgré une mastocytose confirmée soulignant l’importance de la biopsie.

    Une fois le diagnostic posé, il peut être nécessaire de réaliser certains examens complémentaires visant à mieux caractériser la maladie et à éliminer certaines complications: imagerie abdominale (échographie ou scanner), ostéodensitométrie (recherche d’ostéoporose) (Q26, Q27).
    Chez l’enfant, la procédure diagnostique est différente et souvent simplifiée. En effet, l’atteinte cutanée, quasiment constante, est très souvent caractéristique (Q10, Q13). Le diagnostic est donc très souvent basé uniquement sur l’examen de la peau et ne nécessite pas d’examen spécifique de type biopsie, ni très habituellement d’examens complémentaires (pas d’ostéodensitométrie). Ce n’est qu’en cas de présentation clinique atypique et/ou persistance de la mastocytose après l’adolescence, que des examens complémentaires seront effectués.

  • Q23 Comment se fait la recherche de la mutation D816V du gène c-Kit, la plus fréquemment observée dans la mastocytose ?

    Pour rechercher cette mutation, on extrait le matériel génétique des cellules du patient à partir d’un échantillon d’une lésion cutanée obtenu par biopsie sous anesthésie locale ou d’une ponction de moelle osseuse ou de tout autre tissu infiltré par des mastocytes. L’information génétique contenue dans les cellules est obtenue par séquençage (lecture) du gène c-Kit de sorte à visualiser spécifiquement une variation au niveau de l’acide aminé 816 du gène c-Kit.
    Comme il s’agit d’une analyse génétique, vous devrez signer un document d’informations et de consentement éclairé pour qu’elle puisse être réalisée.
  • Q24 Par quels organes, autre que la peau, la mastocytose peut-elle se manifester ?

    TOUS, par l’effet des médiateurs mastocytaires libérés dans le sang circulant. Ces symptômes ne témoignent donc pas d’anomalies ou de lésions de ces organes.

    En effet, dans la grande majorité des autres cas, les symptômes proviennent de l’effet des médiateurs libérés même très à distance du ou des organes symptomatiques (peau, intestin, système musculo-squelettique, vessie, etc) et non de son/leur infiltration. Ainsi, il peut y avoir des troubles digestifs (Q27, Q35) sans aucune infiltration anormale de la muqueuse digestive, ces symptômes résultant de l’effet de médiateurs libérés par des mastocytes de la peau mais retentissant sur l’intestin.

    Ce n’est que dans les très rares formes agressives de mastocytose (<10%) que les organes peuvent souffrir de cette infiltration (dysfonction d’organe) (Q12).

  • Q25 Comment explore-t-on le retentissement osseux d’une mastocytose ?

    L’ostéoporose est une complication classique de la femme du fait de la ménopause alors qu’elle est rare chez l’homme. La mastocytose peut entraîner un excès de remodelage osseux et conduire à une ostéoporose (diminution de la masse osseuse) avec fragilité osseuse sous l’effet des médiateurs mastocytaires (Q36). L’ostéoporose est donc fréquente chez les patients adultes atteints de mastocytose, même chez les hommes jeunes. Elle prédispose à un risque de fractures en particulier de vertèbres, qui peuvent survenir pour une chute de faible importance voire en l’absence de traumatisme.

    Le diagnostic d’ostéoporose repose sur la mesure de la masse osseuse (densité osseuse) par une ostéodensitométrie (examen à rayons X de réalisation rapide, non invasif, faiblement irradiant). Elle permet aussi de suivre l’évolution de la fragilité osseuse sous traitement avec un rythme de surveillance de l’ordre tous les 3 à 5 ans selon l’évaluation initiale. La recherche de fractures vertébrales par radiographies de la colonne vertébrale est aussi nécessaire, en particulier s’il existe des douleurs du milieu de la colonne et une diminution de la taille.

    La recherche d’une insuffisance en vitamine D par un examen sanguin est indispensable pour adapter les apports en vitamine D, première étape du traitement des conséquences osseuses de la mastocytose (Q50). Il est également important d’évaluer et assurer un apport calcique d’au moins 800 à 1000mg/jour (se référer au site internet GRIO).

  • Q26 La mastocytose retentit-elle toujours sur la moelle osseuse ?

    NON. Devant une baisse de vos globules suggérant un dysfonctionnement de votre moelle osseuse, il faut en premier lieu éliminer une autre pathologie.

    En effet, même si dans les mastocytoses systémiques, la moelle osseuse est très souvent le siège d’une accumulation de mastocytes anormaux, cette infiltration n’a pas de conséquence sur son fonctionnement sauf dans les très rares formes agressives de mastocytose (Q11,Q12).

  • Q27 Les troubles digestifs induits par la mastocytose doivent-ils toujours être explorés par des endoscopies digestives ?

    NON. Les symptômes digestifs sont fréquents (Q35) et résultent avant toute chose de l’action des médiateurs libérés par les mastocytes même à distance de l’intestin. Ainsi, même en l’absence d’infiltration mastocytaire de l’intestin, certains patients ont des troubles digestifs.

    De ce fait, les endoscopies digestives ne sont pas systématiques. Cependant, lorsque les symptômes sont permanents ou que les « crises » sont fréquentes et/ou sévères ou en cas de perte de poids excessive, des endoscopies digestives haute (fibroscopie gastrique ou FOGD) et basse (coloscopie) pourront vous être proposées afin de faire des biopsies, surtout pour éliminer une autre maladie que la mastocytose pouvant expliquer vos troubles de sorte à la traiter spécifiquement.

  • Q28 Que signifie « handicap fonctionnel » induit par la mastocytose ?

    Parfois, les symptômes de dégranulationmastocytaire (Q7) peuvent constituer un handicap fonctionnel non négligeable. Il est dit « fonctionnel » car subjectif, ressenti uniquement par le patient.

    Parmi les symptômes susceptibles d’induire un handicap fonctionnel on retiendra :

    • la fatigue (Q33, Q67), plus ou moins intense, peut interférer avec les activités quotidiennes et professionnelles ;
    • les démangeaisons (prurit) et les bouffées de chaleur (flush), selon leur intensité peuvent être socialement invalidantes, gêner votre sommeil et aggraver la fatigue ;
    • les troubles digestifs (diarrhée avec parfois impériosité, douleurs abdominales, intolérances alimentaires) (Q35) peuvent gêner les déplacements, être socialement invalidants et aggraver la fatigue ;
    • le besoin fréquent d’uriner (Q38) peut être socialement invalidant, aggraver la fatigue en troublant le sommeil, gêner l’activité professionnelle lorsqu’un poste nécessite une présence soutenue ;
    • les troubles neuro-psychologiques (irritabilité, tristesse, troubles de la concentration et de la mémoire) (Q71, Q73) peuvent générer des difficultés professionnelles et familiales.

    L’objectif des traitements est de réduire l’intensité de chacun de ces symptômes pour vous permettre de vivre le plus normalement possible. Parfois, l’adaptation transitoire ou prolongée du poste de travail pourra être nécessaire (Q95).

  • Q29 Comment peut-on évaluer le handicap fonctionnel induit par la mastocytose ?

    Il est nécessaire d’utiliser des outils de mesure du handicap fonctionnel lors du diagnostic et au cours du suivi afin d’évaluer l’efficacité des traitements.
    L’évaluation du handicap se fait à l’aide de questionnaires (validés chez l’adulte), les plus utilisés étant :

    • le score AFIRMM ;
    • le score de Qualité de vie (QLQ-C30) ;
    • le score de Fatigue (Q33, Q67) ;
    • le score de Hamilton (score de dépression) (Q32, Q71) ;
    • le score de Prurit ;
    • le score de handicap général (ou score OPA sur une échelle de 0 à 4 qui vise à relater la perception par le patient lui-même de son état de handicap).

    Pour compléter ces scores, on évalue aussi le handicap par :

    • le nombre de selles liquides par jour ;
    • la fréquence des mictions quotidiennes (Q38) ;
    • le nombre de flushs par semaine (Q34) ;
    • la fréquence des réactions anaphylactiques (Q30, Q31, Q72) ;

    Les questionnaires sont plus ou moins longs. Certains doivent être complétés en présence d’une personne qualifiée, les autres peuvent être remplis par vous-même. Il est indispensable de répondre le plus précisément possible à ces questionnaires et ne pas hésiter à demander de l’aide en cas de difficulté.

  • Q30 Comment se manifestent l’oedème de Quincke et le choc anaphylactique ? Quelle attitude adopter en cas de premier épisode de ce type ?

    Le symptôme principal de l’œdème de Quincke est la difficulté respiratoire qui est due à l’œdème des voies respiratoires en particulier du larynx (obstruction des voies aériennes). Un œdème du visage notamment des lèvres avec sensation d’étouffement, difficulté à parler et à avaler avec hyper-salivation (excès de salive) doit alerter et conduire à faire appeler en urgence un service d’urgences ou le SAMU par le 15 ou le 112.

    Les symptômes du choc anaphylactique sont une sensation de malaise intense avec confusion qui peut se compléter d’une perte de connaissance. C’est une urgence absolue car il y a un risque d’arrêt cardiaque. Il faut donc faire contacter immédiatement le SAMU par le 15 ou le 112. Si le patient ou l’entourage dispose d’adrénaline (ANAPEN®), elle devra être injectée dans l’attente des secours (Q49, Q80, Q86).

    Ces réactions sont souvent déclenchées par des événements stéréotypés : piqûre de guêpe ou d’abeille, prise médicamenteuse, certains aliments.

  • Q31 Comment savoir si une réaction anaphylactique et/ou un oedème de Quincke sont liés à une mastocytose et non pas à une allergie ?

    En effectuant de façon systématique un bilan allergologique dans un centre spécialisé.

    En cas de mastocytose, le bilan allergologique (tests cutanés) est négatif alors qu’il est positif en cas d’allergie vraie.

    De façon plus rare, une allergie vraie au produit incriminé peut être identifiée en association à la mastocytose. Dans ce cas une désensibilisation pourra vous être proposée (Q3, Q72, Q75).

  • Q32 Une mastocytose peut-elle générer des troubles neuro-psychologiques ? Peut-on explorer ces troubles?

    OUI, une mastocytose peut être à l’origine de troubles neuro-psychiques qui résulteraient des effets directs ou indirects de substances libérées par les mastocytes (neuro-médiateurs) (Q39).

    Les symptômes neurologiques rapportés par les patients incluent: maux de têtes pouvant se rapprocher de migraines, sensations de vertiges ou d’engourdissement et fourmillements des extrêmités (mains, pieds), troubles de la mémoire et/ou de l’attention et la concentration (Q71, Q73).
    Les symptômes psychiques sont le plus souvent des troubles de l’humeur (tristesse anormale, irritabilité, anxiété, émotivité excessive) (Q39, Q73).
    OUI, il est parfois utile et important d’effectuer une consultation auprès d’un psychiatre et/ou d’un neurologue et éventuellement une imagerie cérébrale par IRM (Q73, Q77) en fonction du type et de l’intensité des troubles neuropsychiques ressentis afin d’aider à leur prise en charge.

    L’exploration des troubles de la mémoire, de l’attention et de la concentration n’est pas systématique, mais les patients qui se sentent gênés doivent en parler à leur médecin référent qui pourra leur prescrire un bilan cognitif (que l’on dit aussi neuropsychologique) auprès d’un professionnel (neuropsychologue ou orthophoniste spécialisés).

  • Q33 Quelle est la relation entre ma mastocytose et ma fatigue ?

    La fatigue (Q7, Q28, Q67) fait partie des signes cliniques les plus fréquemment rapportés par les patients. Elle est probablement la conséquence de la dégranulationmastocytaire, certaines des substances libérées agissant au niveau du système nerveux central (neuro-médiateurs). Elle est d’intensité très variable selon les patients et peut être aggravée par les troubles du sommeil et de l’humeur (Q9), les douleurs (Q36), les mictions nocturnes (Q38), les troubles digestifs (Q35). Elle peut être ressentie comme permanente et/ou survenir par accès (coups de pompe, souvent ressentis après un flush). Parfois, elle doit conduire à rechercher une dépression associée qu’il faudra alors traiter de façon adaptée.

    Il n’y a pas de corrélation entre la fatigue et le type de mastocytose, l’importance de l’atteinte cutanée, le taux de tryptase, la présence d’une mutation du gène c-Kit. La fatigue n’a pas de valeur pronostique.

    Lorsque la fatigue est vraiment importante, elle peut retentir sur les activités socio-professionnelles et justifier une adaptation thérapeutique (Q95) et des mesures sociales (Q94, Q96).

  • Q34 La peau me gratte et je rougis sans raison ou après l’absorption de certains aliments ou quand je suis stressée, est-ce à cause de ma mastocytose ?

    OUI c’est très probablement votre mastocytose.

    En effet, la peau est un des organes les plus riches en mastocytes. Lors de divers stimulations comme l’absorption de certains aliments, les émotions, le stress (annexe 5), les mastocytes peuvent s’activer. Les substances libérées peuvent entraîner des crises caractérisées au niveau de la peau par des démangeaisons (prurit), des rougeurs du visage (flush), un gonflement et une rougeur des lésions cutanées (signe de Darier), l’apparition des bulles (cloques) (Q70).

  • Q35 J’ai des troubles digestifs qui me gênent beaucoup, alors que ma coloscopie et ma fibroscopie gastrique sont normales. Cela peut-il être lié à ma mastocytose ?

    OUI, il est possible que vos troubles soient liés à la mastocytose mais pas toujours.

    Bien que les symptômes digestifs soient fréquents dans la mastocytose, les endoscopies digestives sont le plus souvent normales (Q27). En effet, les symptômes peuvent provenir de l’action des médiateurs libérés (Q7), même en l’absence d’infiltration mastocytaire intestinale.

    Cependant, les troubles digestifs sont aussi très communs dans la population générale et ne sont donc pas toujours à relier à une maladie particulière. Une colopathie fonctionnelle ou une constipation banale doivent aussi être évoquées par votre médecin généraliste et éventuellement expertisées par un gastro-entérologue. Il est donc important de bien faire la part entre ce qui est à relier éventuellement à la mastocytose et ce qui ne l’est pas, car dans ce cas, les traitements ciblant les mastocytes ne fonctionneront pas.

  • Q36 J’ai des crampes, des douleurs aux articulations et parfois des douleurs osseuses qui me gênent dans ma vie quotidienne ou me réveillent la nuit. Y a-t-il un lien avec ma mastocytose ? Un rhumatologue pourrait-il m’aider ?

    OUI, des douleurs articulaires, osseuses, ou musculaires (Q25) peuvent être en rapport avec la mastocytose et sont parfois invalidantes.

    Il est important de consulter soit votre médecin référent pour la mastocytose soit un rhumatologue qui réalisera certains examens complémentaires (prélèvements sanguins et radiographies) qui permettront d’éliminer d’autres maladies que la mastocytose pouvant se manifester par ce type de symptômes. Il vous proposera également la réalisation d’une densitométrie osseuse si celle-ci n’a pas encore été réalisée. Il pourra alors vous proposer des traitements visant à soulager vos symptômes (Q69).

  • Q37 Je fais des malaises précédés de palpitations lorsque je fais du sport ou lorsque je bois du vin. Dois-je voir un cardiologue ?

    OUI, mais pas systématiquement.

    Le stress, la pratique du sport (l’effort), un changement brutal de température, la consommation d’alcool sont des facteurs pouvant provoquer / amplifier la dégranulationmastocytaire et générer des symptômes cardio-vasculaires (palpitations, malaises).
    Ces manifestations ne sont pas forcément en rapport avec une maladie cardiaque mais résultent plutôt de l’effet des médiateurs libérés (Q7). Cependant, il faut s’assurer de l’absence d’anomalie cardiaque associée en consultant au moins une fois en cardiologie pour un examen spécialisé et la réalisation d’un électrocardiogramme de repos et d’une échographie cardiaque.

  • Q38 Je dois aller uriner sans arrêt et dois même me lever plusieurs fois la nuit, est-ce à cause de ma mastocytose ?

    OUI, c’est possible, s’il n’y a pas d’autres causes pour l’expliquer.

    En cas de pollakiurie, c’est-à-dire le fait d’aller très souvent uriner parfois même la nuit (nycturie) ou d’autres symptômes urinaires (brûlures, difficultés à uriner), vous devez d’abord consulter votre médecin traitant afin d’éliminer d’autres causes telles les infections urinaires ou, si vous êtes un homme, les problèmes de prostate, avant de conclure à la mastocytose.

  • Q39 Des changements d’humeur et des difficultés professionnelles qui ne me ressemblent pas peuvent-ils être attribués à ma mastocytose ?

    OUI, de tels troubles peuvent parfois être observés au cours d’une mastocytose (Q32).

    Les troubles de l’humeur comportent notamment des symptômes de dépression (tristesse, diminution de l’estime de soi, pensées négatives, perte de la sensation de plaisir, de l’intérêt pour ses activités), de l’irritabilité, de l’anxiété. Ils peuvent retentir sur la vie sociale.

    Des troubles de l’attention, de la concentration et de la mémoire sont également rapportés et peuvent gêner la vie professionnelle (Q71, Q73).

    Des travaux récents suggèrent que ces désordres seraient secondaires à l’action des médiateurs mastocytaires. Des nouveaux traitements ciblant spécifiquement le mastocyte sont en cours d’évaluation, dans le but d’améliorer aussi ces désordres.

  • Q40 L’évolution d’une mastocytose de l’enfant est-elle la même que celle de l’adulte ?

    NON, dans l’immense majorité des cas, l’évolution n’est pas semblable, la mastocytose de l’enfant régressant spontanément (Q16) à la différence de l’adulte chez lequel la mastocytose est une maladie chronique.

    Les mécanismes qui font que les lésions de mastocytose de l’enfant vont régresser, alors que celles de l’adulte persistent, ne sont pas encore bien compris. Ces mécanismes sont à l’étude et leur meilleure compréhension représente un vrai espoir pour l’ensemble des patients (enfants et adultes) car ils peuvent permettre de réelles perspectives thérapeutiques.

    Cependant, un pourcentage d’enfants, encore mal défini précisément, gardera après la puberté des lésions cutanées de mastocytose. Ils partageront alors avec les adultes les mêmes caractéristiques d’évolution et de surveillance. De même, une toute petite minorité d’enfants pour lesquels l’atteinte cutanée est diffuse (Q10), avec une peau globalement épaissie sur l’ensemble du corps nécessitera une surveillance particulière.

    La surveillance évolutive de l’enfant est donc une surveillance de toutes les données cliniques qui témoignent de son bon développement physique et psychologique. Les signes cliniques qui pourraient gêner ce bon développement sont évalués en faisant bien la part de ce qui pourrait s’expliquer par la mastocytose, et de ce qui n’est pas lié à cette affection. Ainsi, des examens complémentaires, ne sont prescrits que s’ils sont justifiés par un signe clinique particulier comme pour tout enfant.

  • Q41 Adulte, puis-je guérir de ma mastocytose ?

    NON. Chez l’adulte, on ne parle pas de guérison de la mastocytose car on ne dispose pas actuellement de traitement qui permette de la guérir. Le but des recherches est de mieux comprendre le dérèglement qui a déclenché la maladie, et de trouver un moyen de la bloquer.

    À défaut de guérison, il est important de savoir, que cette maladie de cause encore inconnue, évolue souvent par poussées, la fréquence de ces poussées étant très variable d’un malade à l’autre, et pour un même malade. Ainsi, on peut rester asymptomatique (ce qui signifie être « sans maladie apparente ou ressentie ») pendant des années, sans aucune manifestation de la mastocytose, et c’est le but de la prise en charge actuelle.

  • Q42 Comment évolue le handicap fonctionnel d’une mastocytose cutanée ou systémique indolente ?

    La mastocytose cutanée ou systémique indolente est une maladie d’évolution très lente ce qui explique que, dans la grande majorité des cas, le handicap fonctionnel (Q28, Q29) reste globalement stable au cours du temps. Parfois, le handicap fonctionnel peut s’atténuer spontanément, sans traitement. A l’inverse, il peut être aggravé par des facteurs surajoutés comme une maladie concomitante, un stress, un mal-être psychologique, le non-respect des mesures d’éviction des facteurs déclenchant la dégranulation mastocytaire, notamment alimentaires (Q68).

    Le handicap fonctionnel peut être minime et ne pas justifier de traitement médicamenteux. Dans les cas où les symptômes sont gênants voire invalidants, les traitements symptomatiques notamment anti-histaminiques, visant à réduire l’effet des médiateurs mastocytaires (Q51, Q52) sont très efficaces et permettent de diminuer considérablement le retentissement de la mastocytose sur la qualité de vie. Lorsque cela n’est pas suffisant un traitement qui vise à réduire la quantité de mastocytes (Q53, Q54) peut aussi être proposé après validation de l’indication par un centre de référence ou de compétence.

  • Q43 Est-ce que les lésions cutanées de ma mastocytose peuvent disparaître ?

    OUI. Les lésions cutanées de mastocytose aussi bien chez l’enfant que chez l’adulte peuvent disparaître progressivement après plusieurs années d’évolution. Le(s) mécanisme(s) par le(s)quel(s) les mastocytes anormaux vont être spontanément détruits par l’organisme n’est (ne sont) pas bien connu(s). Ce phénomène est décrit tout particulièrement chez les enfants (Q40) où les mastocytoses cutanées guérissent le plus souvent spontanément au cours du temps. Chez l’adulte ce phénomène a été décrit de manière beaucoup plus rare.

    Par ailleurs, les traitements de la mastocytose (Q62) peuvent parfois aussi diminuer et/ou éclaircir sensiblement les lésions cutanées de mastocytose.

  • Q44 Une mastocytose cutanée ou systémique indolente risque-t-elle d’évoluer vers une forme agressive de la maladie ?

    Les mastocytoses cutanées ou systémiques indolentes (Q9) ont un risque considéré comme nul ou exceptionnellement faible d’évolution vers des formes agressives (Q12). Il est admis que dans ces formes, l’espérance de vie est identique à celle de la population générale de même âge. La qualité de vie peut, par contre, être altérée s’il existe des symptômes de dégranulation invalidants (Q7).
  • Q45 Comment peut-on être sûr que je n’ai pas une forme agressive de mastocytose ?

    Les formes agressives, qui sont très rares, sont facilement identifiables par la présence d’une atteinte physique assez rapide et sévère par dysfonction des organes (Q12) ce qui n’est pas le cas des formes de loin les plus fréquentes de mastocytose.

    Dans les formes agressives, les signes de dysfonction d’organe (ou signes C) (Annexe 1) sont:

    • maigrissement rapide et très important (plus de 10kg)
    • iminution des cellules sanguines pouvant se compliquer de saignements et d’infections
    • ugmentation du volume de l’abdomen liée à une accumulation de liquide (ascite) et à l’augmentation de volume du foie et de la rate

    Des examens complémentaires simples par prise de sang et imagerie confirment la suspicion clinique de forme agressive. Ces examens sont par contre strictement normaux dans la très grande majorité des cas de mastocytoses qui ne sont pas agressives.

  • Q46 La mutation D816V du gène c-kit a-t-elle une valeur pronostique ?

    NON. La mutation D816V du gène c-kit, la plus fréquente (>80% des cas chez l’adulte), n’a pas en soi une valeur pronostique et ne prédit pas une évolution péjorative de la maladie. Par contre, elle peut aider pour les orientations thérapeutiques puisque selon qu’elle est présente ou non, certains médicaments comme les anti-tyrosines kinases (GLIVEC®) (annexe 2) ou les inhibiteurs de mTor (RAPAMYCINE®) (annexe 2, Q59) sont plus ou moins efficace.

Chapitre 3 : Mieux comprendre comment prendre en charge une mastocytose

  • Q47 Un traitement est-il toujours indiqué ?

    NON. La décision de mise en route d’un traitement nécessite préalablement une évaluation complète, d’une partdes symptômes et de leur l’intensité (Q7, Q22), d’autre part d’éventuelles atteintes avec dysfonction d’organes (situation très rare) (Q24).

    La mise en évidence d’une forme agressive de mastocytose (Q12) requiert toujours un traitement rapide.
    Dans tous les autres cas de mastocytose dite indolente, un traitement symptomatique simple peut suffire (Q50, Q51). Cependant, chez les patients ayant une mastocytose n’entraînant que peu ou pas de symptômes il est aussi possible de proposer une abstention thérapeutique. Cette attitude doit être accompagnée de deux recommandations :

    • la suppression des médicaments et aliments identifiés par chaque individu donné comme susceptibles d’entraîner des réactions d’intolérance liées à la dégranulation (Q7, Q68),
    • un suivi médical régulier et conjoint par le médecin généraliste et le médecin spécialiste.

  • Q48 Quel est l’objectif des médicaments utilisés dans la mastocytose ?

    L’objectif thérapeutique dépend du type de mastocytose.

    Dans la majorité des cas, il s’agit de formes indolentes de la maladie (Q9). L’objectif thérapeutique est d’améliorer la qualité de vie des malades si celle si est détériorée. Le traitement proposé comprendra les mesures d’éviction stricte des facteurs identifiés comme déclenchant la dégranulation mastocytaire et un traitement symptomatique (Q51 à Q54). Si après au moins 6 mois de traitement symptomatique optimal (doses maximales) et bien conduit (bonne observance de la prescription), le handicap reste trop invalidant un traitement de fond pourra être discuté (Q57).

    S’il s’agit d’une très rare forme agressive de mastocytose (Q12), l’objectif principal est une réduction de l’infiltration mastocytaire qui étouffe les organes. Pour cela les médicaments cytoréducteurs (Q58, Q59) sont indispensables et doivent être débutés le plus tôt possible.

  • Q49 Quelle est la conduite à tenir en urgence en cas de réaction anaphylactique ou d’œdème de Quincke en contexte de mastocytose ?

    Ces situations représentent des urgences vitales nécessitant de faire appeler immédiatement par un tiers le SAMU (par le 15 ou le 112)
    L’évolution sans traitement de l’oedème de Quincke et du choc anaphylactique est l’arrêt cardio-respiratoire (Q30, Q31). Ces situations à risque vital immédiat sont donc à identifier précocement pour permettre d’appeler les secours et commencer les traitements adaptés.

    Dès les premiers symptômes :

    • appeler de l’aide : un tiers pouvant être rapidement sur place et se charger d’appeler immédiatement le SAMU-Centre 15 ;
    • en l’absence de difficultés respiratoires, allongez-vous avec les jambes surélevées pour favoriser le retour veineux et faites faire par le tiers présent une injection d’adrénaline intramusculaire par un dispositif / stylo auto-injectable d’ANAPEN® (dose de 0.3 mg si adulte, 0.15 mg si enfant) (Q30, Q80, Q86, annexe 2) qui vous aura été prescrit au préalable par votre médecin. S’il s’agit d’un premier épisode et que vous ne disposez pas d’ANANPEN®, vous devez attendre les secours ;
    • en cas de difficultés respiratoires, favorisez la position assise et, si vous en disposez, prenez une dose de corticoïdes (60mg de cortancyl par exemple) en attendant les secours ;
    • ne jamais rester seul en attendant l’arrivée des secours.

  • Q50 Faut-il traiter une ostéoporose induite par la mastocytose ?

    OUI. Les traitements médicamenteux de l’ostéoporose (biphosphonates, annexe2) visent à réduire l’excès de destruction osseuse observée dans la mastocytose (Q25). Ils sont utiles pour diminuer le risque de fracture, réduire et/ou prévenir la perte osseuse. L’indication et le choix du traitement dépendent de l’avis du rhumatologue (Q36). En effet, tous les patients n’en ont pas besoin et certains traitements peuvent entrainer des effets indésirables. Un traitement est particulièrement utile chez un patient qui a déjà fait une fracture non traumatique et/ou qui a une masse osseuse (densité minérale osseuse) très basse et/ou une perte osseuse objectivée par le suivi ostéodensitométrique effectué dans le même centre sur la même machine.

    Si un traitement n’est pas indiqué, le suivi par ostéodensitométrie doit être maintenu tous les 3 à 5 ans, et réalisé dans le même centre, pour le suivi des modifications de la masse osseuse.

    Dans tous les cas, des apports en vitamine D (ajustés au dosage sanguin de la vitamine D) et en calcium sont nécessaires. La ration calcique doit être de 800 et 1000mg/j (se référer au site internet GRIO: http://www.grio.org/calcul-apport-calcique-quotidien.php ). Si votre ration est insuffisante, vous pouvez enrichir votre alimentation (laitages, fromages, yaourt) et/ou boire des eaux minérales riches en calcium (1 litre/j parmi: Hépar, Contrex, Salvetat, Courmayeur)

  • Q51 Quel est le principe d’un traitement symptomatique ?

    Le traitement symptomatique a pour objectif de limiter les symptômes de la maladie qui sont liés à la libération de substances contenues dans les mastocytes (Q7). Il ne modifie pas le nombre de mastocytes présents dans les organes mais a pour vocation de les désactiver.

    Les médicaments utilisés peuvent agir à plusieurs niveaux :

    • en empêchant le relargage du contenu des mastocytes par une action anti-dégranulante et de stabilisation des membranes du mastocyte: le cromoglycate de sodium (Q53, annexe 2) ;
    • en rendant certaines substances libérées par les mastocytes inactives en bloquant les récepteurs sur lesquels elles se fixent: les anti-histaminiques de type 1 et 2 (Q52, annexe2) ;
    • en traitant les conséquences de l’action des médiateurs: par exemple, pansements gastriques et anti-acides (annexe2) pour traiter les brûlures d’estomac.

    Ce traitement symptomatique constitue le traitement de première intention de toutes les mastocytoses. Il doit être administré au long cours par voie orale, et parfois, dans des situations aiguës, par voie injectable. Un arrêt intempestif peut se solder par une recrudescence rapide des symptômes. En effet, les mastocytes étant activés de façon autonome et permanente (Q4, Q6), le blocage efficace de leur activation impose une observance rigoureuse. Le traitement symptomatique ne permet pas de guérir la maladie mais améliore la qualité de vie des malades (Q51). Il permet parfois aussi d’éclaircir les lésions cutanées de mastocytose.

  • Q52 Qu’est-ce que les anti-histaminiques ?

    L’histamine est l’une des substances libérées par les mastocytes (Q7) qui se fixe aux récepteurs à l’histamine (récepteurs H1 et/ou H2). Beaucoup des symptômes de la maladie lui sont attribuables. Ainsi, la stimulation des récepteurs H1, situés sur les cellules des vaisseaux, de l’intestin et des bronches, induit des symptômes tels qu’urticaire, démangeaisons et réactions anaphylactiques (Q21). Les anti-histaminiques de type 1 (anti-H1) s’opposent à ces effets (annexe2). Les anti-H1 de 2e génération induisent moins de somnolence que ceux de 1ère génération mais ces derniers restent parfois nécessaires. Les récepteurs H2 sont présents à la surface des cellules de l’estomac. Leur stimulation induit des symptômes digestifs (diarrhée, douleurs épigastriques). Les anti-H2 (annexe2) limitent ces manifestations et luttent contre l’hyperacidité gastrique (pouvant générer des sensations de brûlure) induite par l’histamine.

    Il est préférable d’administrer les anti-H1 et anti-H2 au long cours plutôt que ponctuellement (Q51). De cette manière-là, les symptômes chroniques sont amoindris ou disparaissent et les crises sont moins fréquentes et moins intenses.

  • Q53 Qu’est-ce que le cromoglycate de sodium (INTERCRON®) ?

    Le cromoglycate de sodium est un médicament utilisé depuis de très nombreuses années par les allergologues. Son mode d’action principal est de stabiliser la membrane du mastocyte et ainsi bloquer sa dégranulation. Il limite aussi l’absorption anormale d’allergènes par la muqueuse digestive. Sa durée d’action est de 4 à 6 heures et sa tolérance est bonne. Actuellement il n’existe en France que l’INTERCRON® (annexe 2) en solution buvable. Il n’est plus remboursé par la sécurité sociale même avec une prise en charge à 100% (Q97).
  • Q54 Qu’est-ce qu’un anti-leucotriène ?

    Les leucotriènes sont des substances produites par différentes cellules de l’organisme notamment les mastocytes et les éosinophiles. En France seul le montelukast (SINGULAIR®) est commercialisé (annexe 2). Il inhibe les récepteurs aux leucotriènes, qui sont surtout impliqués dans l’inflammation bronchique de l’asthme. Outre l’asthme, l’asthme d’effort et certaines formes d’urticaire, il peut améliorer les symptômes respiratoires et urinaires (Q37, Q38) de la mastocytose.
  • Q55 Y a-t-il des effets secondaires à long terme d’un traitement symptomatique ? Comment ajuster son traitement symptomatique ?

    Les anti-histaminiques (anti-H1 et anti-H2), le cromoglycate de sodium et les anti-leucotriènes ne posent pas de problème de tolérance sur le long terme (Q52 à Q54). En cas de désir de grossesse, votre prescription devra être revue et adaptée de sorte à respecter les contre-indications qui ne concernent pas tous les anti-histaminiques et pas non plus le cromoglycate de sodium (Q89, Q90, annexe 2).

    Vous ne pouvez ajuster votre traitement symptomatique que dans les limites de la prescription médicale. Ainsi, n’hésitez pas à augmenter la dose d’anti-histaminique en cas de poussée si cela est inscrit comme tel sur votre ordonnance ou après avis auprès de votre médecin référent. Si vous baissez de vous-même les doses ou arrêtez un traitement sans avis médical vous vous exposez à une rechute de vos symptômes.

    Dans tous les cas, demandez conseil à votre médecin référent et évitez l’automédication car certains médicaments, même s’ils ne sont pas contre-indiqués a priori, peuvent être source de dégranulationmastocytaire et doivent être introduits sous surveillance (AINS, codéine).

  • Q56 Comment évaluer l’efficacité d’un traitement symptomatique ?

    Le traitement symptomatique ayant pour objectif de limiter les symptômes d’activation mastocytaire (Q51), l’évaluation de ses effets se fait uniquement sur les critères cliniques c’est-à-dire sur la disparition, atténuation ou persistance des symptômes tels que fatigue, prurit, flush, diarrhée, pollakiurie, douleurs, troubles de l’humeur (Q7). Cette évaluation est faite en consultation de routine par l’interrogatoire et inclut les scores de handicap fonctionnel (Q28, Q29, Q42).
  • Q57 Quel est le principe d’un traitement de fond ?

    Le traitement de fond vise à bloquer la prolifération mastocytaire de sorte à diminuer la quantité de mastocytes dans l’organisme et ainsi l’infiltration tissulaire par les mastocytes. Ce traitement est dit « cytoréducteur ».

    Les molécules utilisées sont de plusieurs types et leur utilisation dépend du type de mastocytose (Q11, annexe2), de la particularité du handicap observé (Q28, Q29), du passé thérapeutique, du statut mutationnel de c-kit (Q59) et des antécédents du patient.

    Il s’agit de :

    • l’interféron-alpha (Q61),
    • la cladribine (2CDA) (Q62),
    • et des inhibiteurs de tyrosine kinase (Q60).

  • Q58 Un traitement de fond est-il toujours indiqué pour traiter une mastocytose ?

    NON. Dans les cas les plus fréquents de mastocytose (formes cutanée et systémique indolente (Q9)), un traitement de fond est rarement indiqué. Il n’est proposé que lorsque les symptômes sont jugés très invalidants (Q28, Q29) et que les mesures thérapeutiques précédemment citées (évictions ciblées, traitement symptomatique (Q51 à Q54) sont insuffisantes.

    Par contre, dans les rares formes agressives de mastocytose (Q12, annexe1), un traitement cytoréducteur (Q57) est toujours indiqué et de façon urgente.

  • Q59 Est-il important de disposer de l’analyse du gène c-kit pour décider du traitement de fond que l’on va me proposer ?

    OUI, le statut mutationnel de c-Kit est important pour aider dans le choix du traitement de fond lorsque celui-ci est indiqué.

    L’efficacité des traitements cytoréducteurs est variable selon le type de mutation de c-Kit. Ainsi, la mutation D816V (Q23, Q46), la plus fréquente (>80% des patients), est sensible à la rapamycine, un inhibiteur de mTor (annexe 2, Q46), alors qu’elle est résistante à l’imatinib (GLIVEC®), un inhibiteur de tyrosine kinase (annexe 2, Q60). Dans une plus faible proportion de patients, sans mutation de c-Kit (patients dits Wild-Type), le GLIVEC® se révèle efficace.

  • Q60 Qu’est-ce qu’un inhibiteur de tyrosine kinase ? Quels en sont les effets secondaires potentiels ?

    Comme son nom l’indique, un inhibiteur de tyrosine kinase (ITK) est une molécule qui bloque l’activité tyrosine kinase à l’intérieur d’une cellule et stoppe ainsi son développement (sa prolifération). Dans la mastocytose, l’objectif des ITK est de bloquer spécifiquement le récepteur c-Kit (Q59, Q85).

    Le chef de file des ITK est l’imatinib (GLIVEC®) (annexe2). D’autres molécules existent aussi (liste non exhaustive) comme le dasatinib (SPRYCEL®), le midostaurin (PKC412), le masitinib (AB1010), ces 2 derniers étant en cours de développement dans la mastocytose (Q64).

    Ce sont des médicaments administrés par voie orale. Les principaux effets secondaires sont :

    • du point de vue clinique : troubles digestifs (nausées, diarrhée), rétention d’eau (œdème des paupières ou des membres inférieurs), douleurs musculaires (crampes).
    • du point de vue biologique : diminution des cellules sanguines le plus souvent transitoire, anomalies des enzymes du foie.

    Ces effets indésirables sont réversibles à l’arrêt ou à la baisse des doses du médicament.

  • Q61 L’interféron alpha est-il un traitement susceptible d’améliorer mes symptômes ?

    OUI. L’interféron alpha (annexe 2) est susceptible d’améliorer les symptômes de dégranulation en particulier les manifestations cutanées et vasculaires (poussées congestives ou flushs).

    Il ne doit être institué que par un médecin spécialiste de la mastocytose. Il n’a pas d’indication dans les formes agressives pour lesquelles d’autres médicaments doivent être proposés.

    L’interféron nécessite une surveillance régulière des cellules sanguines, du bilan du foie et de la thyroïde. En cas d’antécédent cardiaque ou de troubles de l’humeur, son utilisation nécessite un avis spécialisé pour vérifier qu’il n’y a pas de contre-indication à son utilisation.

  • Q62 La cladribine (2-CDA) est-elle une chimiothérapie ? Que puis-je attendre de ce traitement ? Y-a-t-il des effets secondaires ?

    OUI, la cladribine (2-CDA) (LEUSTATINE® et LITAK®) est bien une chimiothérapie administrée par voie sous-cutanée à domicile (annexe 2).

    Ce traitement se positionne pour les patients présentant des signes liés tant à la libération des médiateurs qu’à la prolifération tissulaire des mastocytes. Il peut donc être proposé quel que soit le type de mastocytose (cutanée, systémique indolente ou agressive).

    Les bénéfices potentiels attendus concernent la réduction du handicap fonctionnel en particulier de la fatigue, des troubles digestifs, des flushs et des démangeaisons avec régression habituelle des lésions cutanées.

    Les effets secondaires sont liés à l’affaiblissement transitoire des défenses immunitaires par diminution des lymphocytes sanguins (une variété de globules blancs) ce qui expose à une plus grande susceptibilité aux infections bactériennes et virales à court et moyen terme. Cependant une prévention est donnée systématiquement par cotrimoxazole (BACTRIM FORTE® 1 comprimé 3 fois / semaine) et valaciclovir (ZELITREX® 500mg/j) pendant tout la durée et jusqu’à 18 mois après la fin du traitement par cladribine ce qui permet d’éviter ces complications infectieuses. Il n’y a pas d’effets secondaires digestifs de type nausées / vomissements ni de perte de cheveux avec ce traitement.

  • Q63 Si les principaux traitements de fond ont déjà été utilisés et ont épuisé leur effet ou bien me sont contre-indiqués, y a-t-il d’autres options thérapeutiques ?

    OUI. Par exemple, certaines molécules innovantes capables de moduler l’immunité (molécules immuno-modulatrices) peuvent être proposées comme le thalidomide, couramment utilisé dans certaines maladies hématologiques. Cependant, il est d’utilisation délicate du fait de ses effets indésirables (annexe 2). De même, la rapamycine, couramment utilisée en transplantation d’organes pour ses propriétés anti-rejet, est en cours d’évaluation avec des résultats encourageants dans les mastocytoses avec mutation D816V (Q85, annexe2). D’autres traitements sont pressentis et en cours d’étude (agents hypo-méthylants comme l’azacytidine). Dans tous les cas, ces prescriptions sont réservées aux médecins hospitaliers spécialisés après validation de l’indication par un centre de référence ou de compétence.
  • Q64 La recherche nous aidera-t-elle à trouver d’autres traitements de fond de la mastocytose?

    OUI. Des travaux scientifiques et de recherche médicale (essais cliniques) sont en cours dans le monde pour mieux comprendre la maladie et trouver de nouvelles options thérapeutiques pour les patients atteints de mastocytose. La recherche a déjà permis l’émergence de thérapies dites ciblées dont les inhibiteurs de tyrosine kinase (ITK) (Q60). Ces derniers sont au cœur de la recherche actuelle dans la mastocytose et ont pour but de bloquer le récepteur c-Kit muté ou d’autres tyrosines kinases impliquées dans la maladie.
  • Q65 Que signifie participer à un essai clinique ?

    Un essai clinique étudie de nouveaux médicaments ou des techniques novatrices ou teste des médicaments déjà connus mais utilisés dans d’autres maladies pour évaluer leur efficacité, leurs effets indésirables et établir un rapport bénéfice/risque positif avant qu’ils puissent recevoir une autorisation de mise sur le marché.

    Au cours de ces essais, les nouveaux médicaments peuvent être comparés à un médicament de référence, s’il existe, ou à un placebo (substance inerte). Lorsque c’est le cas, l’attribution du traitement aux patients se fait par tirage au sort et ni le patient ni l’équipe médicale ne savent quel est le traitement reçu.

    Le déroulement d’un essai clinique est extrêmement codifié afin de garantir aux patients transparence, sécurité et qualité. Un comité de protection des personnes (CPP) donne un avis sur la qualité scientifique et le caractère éthique de l’étude. Le protocole de l’étude est résumé dans un document d’information et de consentement détaillé qui est remis au patient par le médecin qui lui propose et lui explique l’étude et qu’il doit signer.

    La participation d’un patient à un essai est volontaire et le patient peut retirer son consentement à tout moment.

    Pour les patients, participer à un essai clinique signifie :

    • avoir accès à des médicaments qui ne sont pas encore commercialisés ;
    • bénéficier d’un suivi médical régulier dans le cadre de l’essai clinique ;
    • respecter les dates de visites prévues et toutes les consignes du protocole ;
    • contribuer à l’amélioration des connaissances sur la maladie étudiée.

  • Q66 Y a-t-il des avancées en termes de biothérapie dans la mastocytose ?

    La seule avancée concerne l’immunothérapie à base d’anticorps monoclonaux dirigés contre les immunoglobulines E (anti-IgE ou OMALIZUMAB®) qui est parfois proposée pour prévenir la récidive de réactions anaphylactiques (Q3, Q7, Q30, Q31).

    Il existe d’autres types de biothérapie: thérapie génique, thérapie cellulaire ou tissulaire (greffe de moelle osseuse ou de cellules souches), immunothérapie (anticorps monoclonaux) mais très peu sont impliquées dans la prise en charge des mastocytoses.

  • Q67 Comment améliorer la fatigue que je ressens ?

    La première mesure consiste en l’éviction très rigoureuse et sur le long terme des facteurs de dégranulationmastocytaire identifiés par chaque individu (aliments, médicaments, changements de température brutaux, etc) (Q7). Le traitement symptomatique (Q51) correctement suivi peut également améliorer la fatigue, le plus souvent seulement après plusieurs mois de traitement. Le traitement spécifique de certaines manifestations ou complications doit aussi être envisagé: antalgiques pour les douleurs, éventuellement suivi par un centre anti-douleur; médicaments psychotropes pour les troubles de l’humeur (Q71) et du sommeil. Si cela n’est pas suffisant un traitement de fond (Q57) pourra être discuté. Enfin, toutes autres thérapies parallèles sont autorisées (« médecine douce ») si elles vous font du bien et que vous les tolérez, en particulier yoga, relaxation, taï-chi, sophrologie, acupuncture, hypnose.

    Le bénéfice des traitements étant souvent très tardif, il ne faut pas vous décourager et observer les prescriptions et recommandations qui vous sont faites. Il faut aussi apprendre à respecter votre fatigue en prenant plus de temps pour vous reposer par exemple en faisant des siestes.

  • Q68 Que puis-je faire pour mes troubles intestinaux ?

    Les symptômes intestinaux n’ont le plus souvent pas de valeur pronostique mais doivent être pris en compte et traités pour améliorer la qualité de vie. A côté de l’éviction rigoureuse des facteurs (notamment alimentaires) identifiés par chaque individu comme déclenchant les « crises » digestives et du traitement habituel de la mastocytose visant à réduire l’activation et l’infiltration mastocytaires (Q56), certains traitements peuvent êtres donnés plus spécifiquement pour les troubles digestifs, notamment des anti-acides pour les symptômes gastriques (pansements gastriques et inhibiteurs de la pompe à protons) (annexe 2) et l’acide cromoglycique (INTERCRON®) (annexe 2) pour les manifestations intestinales et coliques.
  • Q69 J’ai des douleurs du fait de ma mastocytose, quels antalgiques puis-je utiliser ? Quelles autres mesures pourraient me soulager ?

    Tout d’abord, si ces douleurs sont récentes, vous devez consultez votre médecin afin qu’il puisse faire le lien avec votre mastocytose et éliminer d’autres maladies.
    Si vous avez déjà présenté ces douleurs et qu’elles sont liées à votre mastocytose, vous pouvez prendre un traitement par paracétamol à raison de 1 gramme toutes les 6 heures sans dépasser 4 grammes par jour (sauf si vous avez des problèmes hépatiques ou d’allergie connue au paracétamol). Chez l’enfant ces doses sont à adapter au poids.

    Si ces douleurs persistent, d’autres médicaments existent et peuvent vous soulager comme les anti-inflammatoires ou des antalgiques plus puissants que le paracétamol notamment les dérivés morphiniques. Cependant, il est préférable de demander au préalable l’avis de votre médecin, même pour les anti-inflammatoires en pommade. En effet, ces médicaments ne sont pas contre-indiqués de principe du fait de la mastocytose, cependant si vous ne les tolérez pas, , ils sont contre-indiqués. Si vous les tolérez sans aucune réaction anormale (après les voir testés au moins 1 fois) vous pouvez les recevoir de façon adaptée à vos symptômes.

  • Q70 Comment traiter les signes cutanés de ma mastocytose ?

    Pour les crises de démangeaisons et/ou de rougeurs (Q), nous proposons l’éviction des facteurs déclenchant identifiés (Q42) et un anti-histaminique anti-H1 au long cours (Q52, annexe 2).

    Pour les lésions d’urticaire pigmentaire (Q21), le bronzage peut-être utile pour limiter l’aspect inesthétique en diminuant le contraste de couleur entre lésions et peau saine. Des séances d’UVB ou UVA en période hivernale en cabinet de dermatologie peut-être utile (Q82). Le nombre de séances à ne pas dépasser dans une vie (entre 150 et 300 en fonction du type de traitement) est à suivre précisément avec le dermatologue. Pour les lésions de type TMEP (vaisseaux dilatés) (Q21), des séances de laser vasculaire peuvent être proposées.

  • Q71 Comment prendre en charge mes problèmes de concentration, de mémoire et d’humeur ?

    Dans la mastocytose, les troubles de l’attention et de la mémoire (Q32, Q39,Q73) qui sont parfois observés sont modérés dans la majorité des cas et n’entraînent pas de handicap majeur. La plupart du temps il s’agit d’un trouble de la mémoire de travail (attention). La gêne ressentie peut se manifester sur la forme d’oublis et d’une distractibilité qui peut nuire aux performances. La prise en charge de ces troubles repose sur des méthodes dites de « remédiation cognitive» qui a pour objectif d’aider le patient à adopter les bonnes méthodes d’organisation pour les contourner et réduire leur impact au quotidien (Annexe 5). Ce type de prise en charge peut être réalisé par un psychologue ou un orthophoniste spécialisés.

    Concernant les troubles de l’humeur, la première consigne est de ne pas hésiter pas à en parler à votre médecin si vous vous sentez concerné. Dans certains cas, une évaluation auprès d’un médecin psychiatre pourra être nécessaire pour une meilleure appréciation et la mise en place éventuelle d’un soutien médicamenteux (anxiolytique et/ou antidépresseur) qui n’est pas contre-indiqué dans la mastocytose et qui peut être très aidant (Q79). Par ailleurs, certains traitements ciblant directement les mastocytes pourraient avoir des effets bénéfiques et sont en cours d’évaluation dans le cadre de protocoles de recherche.

    Enfin, la prise en charge de ces troubles peut également se compléter par une thérapie. Les thérapies brèves de type Cognitive et Comportementale (TCC) semblent les plus adaptées car elles permettent une prise de conscience des états émotionnels et de leurs conséquences sur les comportements et les situations et peuvent être prises en charge par la sécurité sociale si elles sont réalisées auprès d’un psychologue hospitalier ou d’un psychiatre.

  • Q72 Quel traitement me proposer en cas de chocs anaphylactiques à répétition ?

    Il faut distinguer le traitement du choc anaphylactique lui-même qui repose sur l’administration d’adrénaline en urgence (Q30, Q49, annexe 2), des traitements préventifs qui visent à éviter de nouveaux chocs anaphylactiques.

    Nous proposons la démarche suivante :

    En cas de réactions anaphylactiques après piqure d’hyménoptère :

    • S’il s’agit d’une réaction anaphylactique de mécanisme allergique (confirmé par un bilan allergologique), une désensibilisation aux venins d’hyménoptères peut être proposée et consiste à administrer par voie sous cutanée un extrait commercial du venin en cause à doses progressivement croissantes et de maintenir une dose constante de ce venin (toutes les 4 à 6 semaines), pour induire une tolérance de l’organisme vis à vis de cet allergène. Pour les patients atteints de mastocytose ayant fait un choc anaphylactique de mécanisme allergique aux venins d’hyménoptères, le risque de faire un nouveau choc anaphylactique lors d’une nouvelle piqûre étant élevé, la désensibilisation aux venins d’hyménoptères doit être maintenue toute la vie.
    • En l’absence de mécanisme allergique identifié, la désensibilisation n’est pas efficace et n’est donc pas indiquée.
    • Dans les 2 cas, des mesures préventives sont nécessaire telles que porter une trousse d’urgence contenant de l’adrénaline auto-injectable (annexe 2), éviter les promenades ou les pique-niques à proximité d’une zone d’apiculture ou de nids, ne pas marcher pieds nus dans l’herbe, éviter l’usage de parfums ou eaux de toilette car ils attirent les insectes, porter des vêtements couvrant bien le corps et de couleur claire en évitant les couleurs trop lumineuses qui ressemblent à celles des fleurs (les couleurs sombres attirent les insectes piqueurs), ne pas stationner à proximité de poubelles mal fermées, desservir rapidement la table pour les repas pris à l’extérieur (la viande et toutes les substances sucrées, attirent ces insectes). Si vous êtes en présence d’un essaim d’abeille ou d’un nid de guêpes à proximité d’une habitation, il faut le faire détruire par une entreprise de désinsectisation. Si un insecte tourne autour de vous, restez calme, évitez les réactions de panique et d’angoisse et les gestes brusques et repoussez-le doucement.

    En cas de réactions anaphylactiques à des aliments ou des médicaments :
    Il n’y a pas d’indication de désensibilisation dans l’immense majorité des cas chez les patients atteints de mastocytose car le mécanisme du choc n’est pas de type allergique (Q4). Ce n’est qu’en cas d’allergie prouvée à un aliment ou un médicament, qu’une désensibilisation pourrait éventuellement être discutée. Le plus important est donc de respecter rigoureusement et définitivement la règle de l’éviction à la carte des substances alimentaires et médicamenteuses que vous avez identifiées comme mal tolérées (Q75, annexe 4).

    Antagoniste des immunoglobulines E : omalizumab (XOLAIR)
    Quelques patients ayant des chocs anaphylactiques répétés, atteints ou non de mastocytose, ont été traités préventivement par omalizumab (XOLAIR) (Q22, annexe 2), avec de bons résultats, mais sur un faible nombre de patients. L’indication éventuelle d’un tel traitement résulterait d’une décision collégiale et pluridisciplinaire entre l’allergologue et l’équipe du centre de référence ou de compétence dont vous dépendez.

  • Q73 Est-il toujours nécessaire d’avoir un suivi psychologique lorsque l’on a une mastocytose ?

    NON, cela dépend de votre situation.

    Il n’est pas nécessaire d’avoir systématiquement un suivi psychologique lorsque l’on a une mastocytose. Toutefois, il ne faut pas hésiter à consulter si apparaissent des difficultés psychologiques. En effet aucune prise en charge spécifique (psychothérapeutique ou médicamenteuse) n’est contre-indiquée dans la mastocytose. De plus, des liens sont possibles entre stress et mastocytose (Q18), justifiant une prise en charge adaptée.

  • Q74 L’homéopathie peut-elle améliorer la mastocytose ? Puis-je faire appel aux médecines parallèles pour traiter ma mastocytose ?

    Il n’y a aucune donnée publiée concernant l’efficacité de l’homéopathie sur les symptômes de dégranulationmastocytaire. Certains patients décrivent une amélioration substantielle de leurs symptômes tels que fatigue, nausées, douleurs. Il n’y a pas de raison de déconseiller l’homéopathie en traitement d’appoint en association avec les traitements médicaux de la mastocytose lorsqu’ils sont jugés nécessaires par votre médecin référent.

    Il en est de même pour toutes autres médecines parallèles (acupuncture, sophrologie, hypnose). Les preuves scientifiques manquent aussi pour pouvoir les recommander mais de nombreux patients les utilisent pour améliorer certains symptômes. Si aucune médecine parallèle n’est réellement à déconseiller, quelques précautions s’imposent. Les patients ayant recours à la phytothérapie devront vérifier avec leur médecin la composition des produits car certains peuvent contenir des substances à éviter ou à utiliser avec précaution, par exemple, le saule blanc (apparenté à l’aspirine). En ce qui concerne l’ostéopathie et la chiropractie, seule l’ostéopathie douce, sans manipulation de type « cracking », peut être proposée. En effet, la mastocytose peut être à l’origine d’une fragilité osseuse (ostéoporose) avec risque de tassement vertébral (Q25, Q36) en cas de technique agressive.

Chapitre 4 : Mieux comprendre comment vivre avec une mastocytose

  • Q75 Faut-il retirer de mon alimentation les aliments qui déclenchent mes crises de dégranulationmastocytaire et suivre un régime alimentaire particulier ? Que dois-je penser des listes d’aliments dits histamino-libérateurs ou riches en histamine ?

    Les patients atteints de mastocytose ont des taux de base d’histamine et de tryptase supérieurs à la normale. Certains aliments augmentent le taux d’histamine et/ou de tryptase dans le sang soit par apport direct d’histamine (repas chinois) soit par la stimulation de la dégranulation des mastocytes (Q7, annexe 4). Cependant la sensibilité des mastocytes aux aliments, notamment ceux dits histamino-libérateurs, est très variable d’un patient à l’autre. De même des aliments non réputés histamino-libérateurs peuvent aussi générer des crises de dégranulation chez certains patients. La conduite pratique à tenir vis-à-vis de l’alimentation ne repose donc pas sur le respect des listes d’aliments dits histamino-libérateurs ou riches en histamine qui ne sont qu’informatives et non exhaustives mais repose bien au contraire sur la règle de l’« éviction à la carte » des aliments repérés par tel ou tel patient comme mal tolérés. Les évictions éventuelles sont donc adaptées à chaque patient. Ainsi, tout aliment repéré comme mal toléré, même si la réaction paraît minime doit être retiré de l’alimentation, alors que les aliments ne générant aucune réaction particulière, qu’ils soient histamino-libérateurs ou pas, peuvent être consommés sans restriction. Votre régime d’éviction, s’il est nécessaire dépendra de vous même. Méfiez-vous des repas inhabituels ou exceptionnels (plats cuisinés, repas de fêtes ou au restaurant, nourriture exotique à l’occasion de voyages) et des alimentations complexes car associant de multiples ingrédients (hamburger et pizza pour les enfants) car ils sont plus susceptibles de générer des réactions de dégranulation du fait du mélange de multiples ingrédients et rendent difficile l’identification de la / des substance(s) mal tolérée(s).
    Par ailleurs, certains patients peuvent aussi présenter de vraies allergies alimentaires (Q3, Q4). La fréquence de ces allergies en cas de mastocytose est similaire à celle de la population générale. Votre médecin référent pourra demander une expertise allergologique (Q4) pour confirmer ou non une éventuelle allergie alimentaire associée qui devra aussi conduire à l’éviction du ou des aliment(s) concerné(s), plus rarement à une désensibilisation (Q72).
  • Q76 Chez l’enfant comme chez l’adulte, y a-t-il des contre-indications médicamenteuses ? Quelles précautions prendre vis-à-vis des médicaments ?

    L’attitude vis-à-vis des médicaments est identique à celle préconisée vis-à-vis des aliments (la règle de l’«éviction à la carte » adaptée à chaque patient) (Q7). La sensibilité des mastocytes vis-à-vis des médicaments, notamment les médicaments histamino-libérateurs, est très variable d’une personne à l’autre. Tout médicament mal toléré, histamino-libérateur ou pas, doit être définitivement contre-indiqué alors que les médicaments ne générant aucune réaction anormale, même s’ils sont histamino-libérateurs comme la morphine et ses dérivés ou les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) (Q36) dont l’aspirine, peuvent être consommés. Les contre-indications éventuelles de certains médicaments sont donc émises après les avoir testés et non pas a priori. Par précaution, on privilégiera d’abord les médicaments non histamino-libérateurs et habituellement bien tolérés. Secondairement, en l’absence d’alternative thérapeutique vous pourrez utiliser, après les avoir introduits de façon séquentielle pour tester votre tolérance, d’autres médicaments tels que des médicaments anti-douleur et les AINS, d’autant que certains symptômes comme douleur et fièvre peuvent par eux-mêmes favoriser les crises de dégranulationmastocytaire. Nous conseillons aussi d’augmenter progressivement les doses et de ne pas faire d’association thérapeutique de plusieurs médicaments nouveaux et/ou susceptibles d’être mal tolérés pour pouvoir identifier plus précisément le médicament imputable dans d’éventuelles réactions de dégranulation. Dans tous les cas, il faut discuter avec votre médecin référent des bénéfices / risques de l’utilisation de tel ou tel médicament.
  • Q77 Puis-je bénéficier d’un scanner (tomodensitométrie = TDM) ou d’une imagerie par résonance magnétique (IRM) ? Quelles précautions prendre si l’on m’a prescrit l’un de ces examens avec injection de produit de contraste ?

    OUI, tous les patients peuvent bénéficier d’un scanner sans injection, il n’y a aucune contre-indication.

    Les patients peuvent aussi bénéficier d’une IRM sans injection si les contre-indications sont respectées: patients porteurs d’un pace-maker (stimulateur cardiaque), clips vasculaires, valve cardiaque, prothèses, éclats métalliques, patch-transdermique, et claustrophobie

    Concernant les précautions à prendre en cas d’injection de produit de contraste :
    Pour le scanner avec injection de produit de contraste iodé (PCI), sauf indication contraire, il n’est pas nécessaire d’être à jeun. Il est conseillé de prendre un repas léger et de boire abondamment.
    – Si vous avez déjà effectué antérieurement un scanner avec injection de PCI sans présenter de réaction anormale, vous pouvez en refaire sans précaution particulière.

    – En cas d’antécédent de réaction d’intolérance antérieure à un scanner avec injection de PCI, le scanner devra se faire sans injection de PCI.

    – Si c’est la première fois qu’un scanner avec injection de PCI vous est proposé :

    • Si vous avez des antécédents d’allergie, une consultation allergologique pour explorer votre réactivité aux produits de contraste sera nécessaire avant l’examen. Si cette consultation n’a pu être effectuée ou en cas d’allergie avérée aux PCI le scanner devra se faire sans injection de PCI.
    • Si vous n’avez pas d’antécédents d’allergie, nous préconisons d’effectuer le premier scanner avec injection de PCI avec votre trousse d’urgence contenant de l’adrénaline (ANAPEN® auto-injectable) (Q80) et sous surveillance médicale resserrée. En l’absence de réaction d’intolérance lors de ce premier examen, les autres scanners éventuels pourront se faire avec injection de PCI.
      – En cas d’insuffisance rénale, une consultation néphrologique est nécessaire avant une injection de PCI.

    Pour l’IRM avec injection de produit de contraste à base de gadolinium, s’il existe une allergie prouvée au gadolinium (situation exceptionnelle) ou en cas d’antécédent de réaction d’intolérance antérieure à ce type de produit de contraste, l’IRM devra se faire sans injection. L’IRM pourra donc, dans la majorité des cas, être effectuée avec injection de produit de contraste et remplacera si possible le scanner injecté.

  • Q78 Peut-on m’opérer?

    OUI. Un patient atteint de mastocytose peut bien sûr être opéré. Le chirurgien informé par le patient de sa mastocytose, l’adressera en consultation d’anesthésie (Q79), consultation au terme de laquelle le médecin anesthésiste-réanimateur déterminera, en collaboration avec l’équipe chirurgicale, la conduite à tenir.
  • Q79 Quelles précautions prendre vis-à-vis des anesthésies générales ?

    Tout d’abord, il est essentiel que les patients atteints de mastocytose informent au préalable le médecin anesthésiste-réanimateur de leur condition lors de la consultation d’anesthésie.

    L’incidence des complications liées aux médicaments de l’anesthésie chez les patients atteints d’une mastocytose demeure inconnue et est probablement très faible. Ainsi, la majeure partie des médicaments de l’anesthésie peut être utilisée au cours de la période péri-opératoire.

    Plusieurs facteurs susceptibles de favoriser la dégranulationmastocytaire (Q7) ont été individualisés au cours de la période péri-opératoire et sont d’ordre:

    • psychologique : stress induit par l’intervention chirurgicale elle-même,
    • pharmacologique : administration de médicaments,
    • traumatique : effraction cutanée pose d’un garrot chirurgical,
    • mécanique : friction cutanée, geste opératoire en tant que tel,
    • physique : variation de température brutale.

    Certaines précautions doivent de facto être respectées et ont fait l’objet d’une mise au point publiée dans le journal de la Société Française d’Anesthésie et de Réanimation (Annales Françaises d’Anesthésie et de Réanimation 2009; 28: 61–73) et qui est à disposition des médecins anesthésistes-réanimateurs et du CEREMAST qui le diffuse en cas de besoin.

  • Q80 Quelles précautions prendre en cas d’antécédent de réaction anaphylactique ou d’œdème de Quincke ?

    • Respecter strictement et définitivement les évictions des facteurs identifiés comme déclenchant la libération de médiateurs mastocytaires (médicamenteux et alimentaires tout particulièrement et même s’ils sont en quantité minime) (Q75, Q76, annexe 4).
    • Avoir un document sur soi délivrant les informations médicales importantes comme: diagnostic de mastocytose, le cas échéant antécédent de choc anaphylactique / oedème de Quincke, médecin ou centre référent pour la mastocytose avec leurs coordonnées
    • Observer très rigoureusement le traitement symptomatique qui vous a été prescrit (anti-histaminiques, anti-leucotriènes, cromoglycate de sodium) (Q51 à Q55, annexe 2) et ne pas l’interrompre sans avis auprès de votre spécialiste référent
    • Avoir toujours sur soi à disposition, y compris lors des déplacements et voyages, une trousse d’urgence contenant le stylo d’adrénaline auto-injectable (ANAPEN®) (Q30, Q49, Q86) qui vous a été prescrit et être assuré que votre entourage habituel, familial et professionnel, est informé de ce risque et sait l’utiliser, en vérifiant bien la date de péremption afin de renouveler la prescription autant que nécessaire.

  • Q81 Puis-je faire du sport ?

    OUI. La pratique du sport doit toujours être encouragé car elle entretient la musculature, contribue à réduire la fragilité osseuse (Q25, Q36) et l’isolement social.

    Elle est déconseillée uniquement si elle provoque des réactions anormales. En effet, elle peut, chez certains patients, provoquer une crise de dégranulationmastocytaire (du fait des variations de température et des frottements) (Q7) responsable de symptômes, tels que palpitations et malaises avec baisse de la tension artérielle. Il s’agit donc de précautions à définir en fonction de chacun.

  • Q82 Puis-je m’exposer au soleil ?

    OUI. L’exposition solaire naturelle est souvent réalisée spontanément par les patients car améliorant, par le bronzage, l’aspect parfois disgracieux des lésions mais aussi en diminuant les réactions locales de démangeaisons (Q70). Cet effet est transitoire avec rechute hivernale. Ce « traitement d’été » doit néanmoins être proposé uniquement si le patient n’a pas déjà eu de cancer cutané et s’il n’a pas été trop exposé antérieurement avec une peau abimée à risque de cancer cutané. Un écran solaire est dans tous les cas nécessaire pour éviter les coups de soleil préjudiciables et de façon générale, le respect classique des conditions d’exposition au soleil, fonction du phototype du patient (couleur de la peau), du lieu et de la saison d’exposition (été en pays méditerranéen, réverbération sur la neige) est bien entendu à respecter, en particulier chez l’enfant.

    À  l’inverse, chez les patients présentant des symptômes de dégranulationmastocytaire lors de l’exposition solaire (situation beaucoup moins fréquente), une éviction adaptée doit être effectuée (Q7).

  • Q83 Puis-je aller chez le dentiste ? Puis-je bénéficier d’anesthésies locales ?

    OUI. Comme tout autre sujet, une consultation régulière auprès d’un dentiste est indispensable chez un patient atteint de mastocytose. Le chirurgien-dentiste doit être informé de la condition du patient. Il n’y a pas de contre-indication ni précautions particulières vis-à-vis des anesthésiques locaux (tels que la lidocaïne, XYLOCAÏNE® et les crèmes anesthésiques locales comme l’EMLA®) au cours des mastocytoses que ce soit pour les soins dentaires ou les différentes biopsies qui pourraient vous être proposées (peau, moelle osseuse, autres organes). En particulier, il est possible d’effectuer des anesthésies locales pour les sutures des plaies, fréquentes chez les enfants.
  • Q84 Comment gérer ses vaccinations quand on a une mastocytose ?

    Il n’y a aucune contre-indication vaccinale de principe dans le cadre de la mastocytose et le calendrier vaccinal doit être respecté, chez l’enfant comme chez l’adulte. Il n’y a donc aucune raison pour qu’un enfant comme un adulte soit plus exposé à des maladies pour lesquelles on bénéficie d’une efficacité vaccinale.

    La seule précaution chez l’adulte est celle de la contre-indication des vaccins vivants (BCG, polio buccal, rougeole, rubéole, oreillons, fièvre jaune, encéphalite japonaise) en cas de traitement de fond reposant sur la cladribine (2-CDA) ou LEUSTATINE® et LITAK® (Q62), ceci pendant au moins 18 mois après l’arrêt du traitement. Si dans ce contexte thérapeutique, un tel vaccin s’imposait, un spécialiste de maladies infectieuses devrait être contacté.

  • Q85 Atteint(e) d’une mastocytose, puis-je faire don de mon sang ou de mes organes ?

    NON. La mastocytose de l’adulte est dans la grande majorité des cas une maladie d’évolution indolente sans manifestations tumorales et la vie des patients n’est pas menacée. Par ailleurs la mastocytose n’est pas une maladie contagieuse.

    Cependant, du fait des risques au moins théoriques, de transmettre la maladie via les cellules de la maladie, porteuses de la mutation du gène c-Kit, présentes dans les organes et les produits dérivés du sang, nous considérons que la mastocytose est une contre-indication aux dons d’organe, de moelle osseuse et de sang.

  • Q86 Puis-je voyager en pays étranger en particulier en pays tropical ? Quelles précautions prendre avant et pendant le voyage ?

    OUI. La seule précaution est celle de la contre-indication des vaccins vivants (BCG, polio buccal, rougeole, rubéole, oreillons, fièvre jaune, encéphalite japonaise) en cas de traitement de fond reposant sur la cladribine (2-CDA) ou LEUSTATINE® et LITAK®, ceci pendant au moins 18 mois après l’arrêt du traitement (Q62, Q84). Si un tel vaccin s’imposait en raison de la zone de séjour (grande partie de l’Afrique au sud du Sahara et Amérique du Sud pour la fièvre jaune; zone rurale d’Asie pour l’encéphalite japonaise), un avis spécialisé devrait être demandé, par exemple au Centre Médical de l’Institut Pasteur à Paris (Tél : 01 45 68 80 00).

    Les autres vaccins doivent être réalisés selon le calendrier vaccinal et les vaccinations contre l’hépatite A et la fièvre typhoïde doivent être systématiquement discutées ainsi que la vaccination contre l’hépatite B en cas de séjour prolongé en zone tropicale. La vaccination contre la rage doit être proposée dans les pays où elle sévit, notamment chez les enfants. Il en est de même pour la vaccination anti-méningococcique en cas de séjour dans un pays d’endémie (Afrique de l’Ouest) ou en cas de pèlerinage à la Mecque.

    La prévention médicamenteuse du paludisme devra être adaptée à la zone visitée et l’utilisation des répulsifs pour la peau (à adapter chez l’enfant en fonction de son âge) et les vêtements ainsi que l’utilisation d’une moustiquaire (en respectant les bonnes règles d’utilisation: moustiquaire bien bordée, etc) en l’absence de climatisation devront être proposées. En cas de mastocytose considérée comme symptomatique par votre médecin et en cas de séjour en zone sans recours possible à un médecin rapidement, une trousse d’urgence contenant de l’adrénaline auto-injectable (ANAPEN®) (Q30, Q49, Q80) avec un protocole de soins et d’urgence traduit en anglais ou dans la langue du pays où vous vous rendez devra vous être délivrée afin de pallier à une crise sévère de dégranulation (Q30). Un certificat de port de trousse d’urgence devra être rédigé pour que vous puissiez la prendre dans l’avion. Une attention particulière devra être apportée à la nourriture et notamment à l’ingestion de crustacés. En effet, les changements induits par les voyages (type d’alimentation, rythme de sommeil, changement de climat, fluctuations du transit, évènements infectieux) modifient votre vie habituelle et peuvent être source de dégranulation. Soyez raisonnables et évitez les changements trop importants notamment alimentaires. Enfin, prémunissez vous d’une petite trousse de secours complémentaire (antibiotiques, antalgiques, anti-pyrétiques).

  • Q87 La mastocytose peut-elle retentir sur ma vie sexuelle ?

    La mastocytose peut parfois retentir sur la sexualité et les difficultés observées prennent différentes formes: il peut s’agir d’une diminution du désir sexuel, de douleurs ou gênes lors des rapports, de difficultés à atteindre l’orgasme, éventuellement d’impuissance.

    Ces troubles sont parfois liés directement aux symptômes invalidants de la maladie (démangeaisons importantes ou bouffées de chaleur lors des rapports, douleurs articulaires ou osseuses, troubles digestifs). Mais la mastocytose peut également retentir sur l’image de soi et de sa place dans le couple, voire entraîner des symptômes de dépression qui peuvent eux aussi troubler la vie intime.

    Ces difficultés sexuelles peuvent retentir de façon notable sur la qualité de votre vie, il ne faut donc pas hésiter à aborder ce problème avec votre médecin spécialiste, qui pourra soulager certains symptômes invalidants (support médicamenteux éventuel: VIAGRA®, CIALIS®) ou vous orienter vers une prise en charge adaptée.

  • Q88 Quels moyens de contraception puis-je utiliser ?

    Aucun moyen de contraception n’est contre indiqué dans la mastocytose.

    Les moyens mécaniques (préservatifs, stérilet) peuvent être utilisés dans tous les cas. Les méthodes hormonales (pilule, anneau et patch contraceptifs) peuvent être proposées sous réserve de l’absence des contre-indications médicales habituelles (tels que phlébites) à évaluer avec votre gynécologue. Ce n’est qu’en cas d’intolérance avérée que l’un ou l’autre de ces moyens contraceptifs ne pourra plus être utilisé.

    Par ailleurs, une contraception efficace est obligatoire lorsqu’un traitement cytoréducteur (Q57 à Q62) tel que la cladribine (2-CDA) (Q62) ou un inhibiteur de tyrosine kinase (Q60) est préconisé car il peut retentir sur la grossesse.

  • Q89 Est-ce que je pourrai avoir des enfants et encourent-ils un risque particulier ? La fécondation in vitro est-elle possible lorsque l’on a une mastocytose ?

    OUI, vous pourrez avoir des enfants.

    La mastocytose ne contre indique pas la grossesse et elle n’empêche pas d’avoir des enfants. Dans tous les cas rapportés dans la littérature scientifique, il n’y a eu aucun problème décrit pour le bébé à la naissance pouvant être spécifiquement rapporté à la mastocytose de la maman. En outre, le risque de transmission de la maladie à l’enfant est extrêmement faible, les formes familiales de mastocytose étant très rares (Q16).

    La grossesse doit être suivie de façon habituelle par votre gynécologue et obstétricien, l’anesthésiste qui prendra en charge la péridurale (Q79) et votre médecin référent pour la mastocytose.

    Dans tous les cas, les facteurs déclenchant identifiés de dégranulationmastocytaire (aliments, stress, changements de température brutaux etc) devront être évités. Les médicaments contre-indiqués pendant la conception et la grossesse devront être interrompus. Votre traitement (annexe 3) devra donc être réévalué avec votre médecin référent pour la mastocytose au préalable. Enfin, l’analgésie péridurale devra être utilisée précocement (Q91).
    OUI, toutes les mesures de procréation médicalement assistée dont la fécondation in vitro sont envisageables en cas de mastocytose.

  • Q90 Quelles sont les conséquences éventuelles de la mastocytose sur ma grossesse et de ma grossesse sur la mastocytose ?

    La grossesse n’est pas contre-indiquée ni réputée risquée lorsque l’on a une mastocytose. Afin d’améliorer notre appréciation des évènements éventuellement inhabituels du fait d’une mastocytose, un recensement national des cas de grossesse au cours d’une mastocytose est en cours depuis 2009. Ainsi, un auto-questionnaire est diffusé par le CEREMAST aux femmes concernées même si leur(s) grossesse(s) est / sont très ancienne(s). Une fois rempli, il doit être ré-adressé par mail ou courrier au CEREMAST.

    Une étude espagnole réalisée par une équipe spécialisée confirme notre impression globale positive. Quarante-cinq grossesses chez 30 femmes ont été analysées et rapportées dans une revue internationale en 2011. Aucun évènement grave n’a été enregistré autant pour les mères que pour les enfants. Pendant la grossesse, les symptômes de dégranulationmastocytaire ont été stables dans 50% des cas, se sont améliorés dans plus de 30% des cas et ne se sont aggravés que dans 20% des cas. Pendant l’accouchement, des signes d’activation mastocytaire n’ont été enregistrés que dans 11% des cas. Pour autant, une prévention systématique des crises, par anti-histaminiques (Q52, annexe 2), au moment de l’accouchement est justifiée, de même qu’une anesthésie péridurale précoce pour lutter contre les douleurs (Q91). Des complications néonatales, dont le lien direct avec la mastocytose ne peut être affirmé (prématurité, petit poids de naissance, difficultés respiratoires), ont été rarement observées et étaient tout complètement résolutif sans séquelles.

  • Q91 Puis-je bénéficier d’une analgésie/anesthésie péridurale pendant mon accouchement ?

    OUI. Le médecin anesthésiste-réanimateur devra être précocement informé par la patiente de sa condition, au plus tard lors de la consultation pré-anesthésique réalisée au 8e mois de grossesse. Il devra aussi disposer de l’article de référence détaillant les précautions à prendre, publié dans le journal de la Société Française d’Anesthésie et de Réanimation (Annales Françaises d’Anesthésie et de Réanimation 2009; 28: 61–73), les mêmes précautions que pour l’anesthésie générale devant êtres observées (Q79).

    L’appréciation de la balance bénéfice/risque penche très nettement en faveur de la pose d’une péridurale. Cette dernière devra être utilisée précocement pour gérer au mieux les douleurs de l’accouchement et limiter les risques de dégranulationmastocytaire liée à la douleur (Q7). Il est possible de réaliser soit une technique d’analgésie du travail (abolition de la douleur) soit une anesthésie loco-régionale autorisant la réalisation d’une césarienne.

  • Q92 Mon enfant peut-il avoir une scolarité normale ?

    OUI. Un enfant atteint de mastocytose a une scolarité normale. Il n’apparaît pas plus de manifestations attribuables à la mastocytose (troubles de l’attention ou de la concentration) durant cette période de vie et le niveau scolaire de la cohorte de patients pédiatriques suivis pour une mastocytose rejoint, en moyenne, celui de la population générale.

    Des difficultés peuvent se rencontrer chez des enfants qui ont la nécessité d’un régime alimentaire au moment de l’intégration scolaire (et donc souvent à la maternelle et/ou rentrée en CP). Cependant, il existe des PAI (Projet d’Accueil Individualisé) qui permettent au spécialiste qui suit l’enfant de bien informer l’équipe pédagogique de ses particularités et d’envisager d’emblée les adaptations nécessaires. De même, en cas d’antécédent de réaction anaphylactique justifiant le port d’une trousse d’urgence (Q30, Q49, Q80), le protocole de soins et d’urgence sera inclus dans le PAI. Le PAI fait maintenant partie de l’organisation de tout établissement scolaire, et de nombreux enfants en bénéficient pour des maladies bien différentes. L’enfant avec mastocytose n’est donc pas marginalisé.

    Évoquer ces PAI et les régimes alimentaires nécessaires à certains dans le cadre de la mastocytose permet de souligner qu’un régime n’est absolument pas constamment nécessaire et dépend de chaque enfant. Il est donc important d’avoir pu observer avant la rentrée à l’école, toutes les possibilités ou impossibilités alimentaires de l’enfant. Ceci est possible grâce à une alimentation normalement progressivement élargie dans les premières années de vie, avec une attention particulière lors de l’introduction d’un aliment histamino-libérateur ou riche en histamine (Q75, Q76, Annexe 4).
    La meilleure garantie d’une scolarité normale est une bonne maitrise des points forts et faibles de l’enfant, qui lui sont calmement expliqués ainsi qu’à l’équipe pédagogique, sans mesures excessives, non justifiées, liées à l’appréhension des adultes qui entourent cet enfant, et sans déni d’un point faible à soutenir. Un PAI bien rédigé et bien compris permet cette adaptation.

  • Q93 Quel est le rôle de l’assistante sociale et comment la contacter ?

    L’équipe médicale, les patients ou leurs familles peuvent contacter l’assistante sociale affiliée au centre de référence ou de compétence soit par téléphone soit par mail. Les patients peuvent aussi contacter l’assistante sociale de leur caisse d’assurance maladie, de leur lieu de travail ou de la mairie de leur domicile qui pourra agir en liaison avec les médecins et l’assistante sociale du centre de référence ou de compétence.

    Pour les patients atteints de mastocytose, l’assistante sociale peut :

    • aider à l’acceptation d’une prise en charge à 100% des patients nécessitant un traitement médical important (Q97) ;
    • aider à la reconnaissance du handicap par les Maisons Départementales des Personnes Handicapées (MDPH) et à l’aménagement des horaires ou du poste de travail (Q95, Q96) ;
    • aider à l’acquisition d’une protection sociale quand celle-ci fait défaut au patient ;
    • mettre en place, si besoin, un revenu de substitution pendant la maladie ;
    • informer sur les droits aux prestations susceptibles d’être versées pendant la maladie (étude personnalisée) ;
    • mettre en place un partenariat avec les différents interlocuteurs pour une meilleure prise en charge pluri-disciplinaire

  • Q94 Dois-je m’arrêter de travailler à cause de ma mastocytose ?

    NON. Un des objectifs de la prise en charge est de maintenir une bonne insertion socio-professionnelle. Cependant, chez certains patients, les poussées de la maladie peuvent générer des arrêts de travail (AT). De même, le poste de travail doit parfois être adapté au moins transitoirement. Pour cela, des démarches auprès des MDPH pourront être effectuées avec l’aide de votre médecin référent pour la mastocytose et de l’assistante sociale (Q93, Q95, Q96).
  • Q95 Quelles possibilités ai-je lorsque ma mastocytose ne me permet plus d’effectuer mon travail comme auparavant?

    Si les symptômes de mastocytose vous empêchent d’assurer votre activité professionnelle habituelle soit du fait de crises trop fréquentes et trop intenses soit parce que votre état général de base s’est altéré, vous bénéficierez tout d’abord d’un arrêt de travail. Cet arrêt de travail est transitoire. En effet, votre médecin référent évaluera avec vous les possibilités d’adaptation thérapeutique et notamment l’initiation d’un traitement de fond (Q57 à Q64) en complément du traitement symptomatique (Q51 à Q56) dans le but de recouvrer vos performances. Parfois, malgré une amélioration significative, il pourra être préférable de demander une adaptation de votre poste de travail en collaboration avec votre médecin du travail et votre MDPH (Q93, Q94, Q96). La constitution d’un dossier de handicap n’est pas figée. Si avec plus de temps, votre handicap s’améliore vous pourrez retourner à votre activité professionnelle habituelle. Inversement, si vos symptômes demeurent trop invalidants votre dossier MDPH et votre degré d’invalidité seront actualisés en conséquence au fur et à mesure. Par ailleurs, avec l’aide de l’assistante sociale un revenu de substitution pourra être demandé en cas de nécessité (Q93).

    Dans tous les cas, si vous souffrez d’un handicap du fait de la mastocytose, il n’est pas statique, il peut s’améliorer avec le temps et grâce aux innovations thérapeutiques (Q64).

  • Q96 Le handicap fonctionnel de la mastocytose peut-il être reconnu par les Maisons Départementales des Personnes Handicapées (MDPH)?

    OUI. Un patient peut faire une demande à la MDPH pour obtenir une prestation lui permettant de mieux vivre ou de compenser un handicap. Les prestations pouvant être demandées incluent : Reconnaissance en Qualité de Travailleur Handicapé (RQTH), Allocation Adulte Handicapé (AAH), Carte de Priorité (CP), Carte d’invalidité (CI).

    Les modalités de demande incluent : Un formulaire de demande à remplir par le patient et un certificat médical à faire remplir par le médecin décrivant l’histoire de la maladie, les traitements, le retentissement fonctionnel et/ou relationnel.
    La détermination du taux d’incapacité s’appuie sur une analyse des interactions entre trois dimensions (déficience, incapacité, désavantage). En effet, le diagnostic ne permet pas, à lui seul, une évaluation du handicap (Q42), celui-ci variant avec le stade évolutif, les thérapeutiques mises en oeuvre et en fonction de l’interaction de la personne avec son environnement. Le taux d’incapacité est attribué pour une période de 1 à 10 ans.

  • Q97 Toutes les formes de mastocytose sont-elles prises en charge à 100% par l’assurance maladie ?

    NON. La mastocytose peut parfois bénéficier d’une prise en charge à 100% dans le cadre des Affections de Longue Durée (ALD) Hors Liste (ALDHL) en fonction de l’arbitrage de la caisse d’assurance maladie. Cette prise en charge à 100% n’est donc pas systématique. Cette décision, comme pour toute affection hors liste, s’appuie sur le « poids » de la maladie en terme de coûts du protocole de soins: prestations, actes biologiques, recours à des spécialistes, déplacements. Le médecin traitant mentionnera tout cela dans le formulaire de demande qui sera envoyé à la caisse. Les mastocytoses sans retentissement notable et ne justifiant que d’un suivi espacé auront peu de chances d’être acceptées. En revanche, les mastocytoses à retentissement général avec handicap pour la vie courante et nécessitant un traitement au long cours sont habituellement acceptées d’emblée en ALDHL puisqu’il s’agit de formes qui n’évoluent pas spontanément vers la régression. En cas de rejet, ce qui est possible, un courrier de soutien du spécialiste permet généralement de résoudre le problème. L’acceptation en ALDHL est donc fonction de l’importance des troubles. L’accord est donné pour 2 ans sans reconduction systématique, ce qui suppose de solliciter votre médecin généraliste pour refaire la demande en temps utile.
  • Q98 Dans quelles conditions le transport pour se rendre à l’hôpital ou chez le médecin peut-il être pris en charge ?

    Il faut demander au médecin que vous consultez de compléter le document appelé « Bon de transport », permettant, selon les cas, la prise en charge du mode de transport. Les transports en commun (bus, train) ou les moyens de transport individuel (voiture particulière) doivent toujours être privilégiés. Ce n’est qu’en cas d’impotence fonctionnelle avérée (difficulté à se déplacer, à prendre les transports en commun) ou de nécessité d’assistance pendant le transport que les autres modes de transport pourront être acceptés (taxi, véhicule sanitaire ou VSL, ambulance). Le patient doit faire l’avance des frais pour le taxi. Si la distance à parcourir excède 150 kilomètres, il est nécessaire que votre médecin demande une autorisation préalable de prise en charge du transport à la caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) en remplissant un formulaire adapté (« Bon de transport avec demande d’entente préalable »). Enfin, des accords durables peuvent être obtenus avec les CPAM, en particulier pour les patients pris en charge dans les centres de référence ou de compétence régionaux.
  • Q99 A quoi servent les centres de référence et de compétence ?

    Les centres de référence et de compétence (Annexe 7) ont été mis en place dans le cadre du « plan national maladies rares » (PNMR) 2005-2008. L’objectif de ce plan est de faciliter l’accès aux soins et d’améliorer la qualité de la prise en charge des patients atteints d’une maladie rare et de leurs familles.
    Le centre de référence national travaille en collaboration constante avec les centres de compétence régionaux désignés pour leur connaissance de la mastocytose. Il exerce des activités d’expertise et de recours (avis téléphoniques ou par courrier électronique, consultations, hospitalisations, réunions de concertation pluridisciplinaires) et contribue à la mise en place et l’amélioration constante du réseau national de soins.

    En coordination constante avec les centres de compétence régionaux, il met en place des actions permettant :

    • d’établir le diagnostic de la maladie ;
    • de mettre en oeuvre un traitement adapté à chaque patient ;
    • de mettre en place un suivi médical interdisciplinaire de proximité pour chaque patient ;
    • d’informer et conseiller les patients et leurs familles sur la maladie, son traitement et son retentissement sur leur vie sociale et professionnelle ;
    • d’informer les patients des avancées diagnostiques et thérapeutiques ;
    • de recenser les patients atteints de mastocytose (base de données nationale des mastocytoses) pour mieux la caractériser et définir sa prévalence (fréquence dans la population) ;
    • d’informer et de former les professionnels de santé non spécialistes de la mastocytose ;
    • de proposer, promouvoir et mettre en oeuvre des essais thérapeutiques et des travaux de recherche clinique et fondamentale au niveau national et international.

  • Q100 Existe-t-il des associations de malades atteints de mastocytose?

    OUI, il existe l’Association Française pour les Initiatives de Recherche sur le Mastocyte et les Mastocytoses (AFIRMM), créée en 1999. Elle compte plus de 500 adhérents.
    Son but est de participer à l’information des patients et de les aider à identifier des spécialistes au plus près de leur domicile de sorte à leur assurer une prise en charge médicale adaptée.

    Par ailleurs, l’AFIRMM participe à la recherche sur la mastocytose en étant promoteur d’une étude épidémio-génétique et en rassemblant des données qui ont déjà permis la publication d’articles scientifiques apportant de nouvelles informations sur la maladie et ses symptômes.
    Vous pouvez contacter l’AFIRMM directement par téléphone au 01 40 70 13 23 ou bien par l’intermédiaire du site internet de l’AFIRMM (avec possibilité d’échange par courrier électronique avec la personne en charge de la communication).